Suisse, Genève
Du 26 janvier 2024 au 16 juin 2024
Wim Delvoye est né à Wervicq (Flandre-Occidentale) le 14 janvier 1965. Il vit et travaille à Gand où il a également étudié les Beaux-Arts. Fer de lance d’une génération d’artistes belges – à l’instar de Jan Fabre, Koen Vanmechelen ou Berlinde De Bruyckere – qui ont secoué la scène artistique et la société, il est à l’honneur de nombreuses expositions dans le monde. Chez nous, en 2019, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique avaient mis ses créations en lumière.
Delvoye a marqué les esprits avec ses cochons tatoués, ses vitraux aux motifs blasphématoires et son Cloaca qui reproduit le parcours du tube digestif… En réalité, il s’inscrit dans un questionnement permanent du monde et de ses excès. Ainsi, les taches d’encre des tests psychologiques de Rorschach sont transformées en idoles de bronze. Il veut interpeller le regard du spectateur en mélangeant les genres, les styles et les références.
Le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) a invité l’artiste à déployer son univers singulier et à questionner notre rapport aux collections et aux institutions muséales. Un dialogue étonnant s’instaure entre les pièces issues de la collection du musée et les œuvres du Belge. Des chocs visuels en résultent : une coque de voiture de luxe trône au centre d’une salle d’armes, des créations de Jean Tinguely entrent en résonance avec des pièces d’horlogerie, un étui de Mobylette gît au sol…. Wim Delvoye, souhaite abolir les frontières entre créations artistiques et objets du quotidien dans un foisonnement ludique qu’il qualifie lui-même de “vandalisme élégant”.
Quelquefois surgissent des moments de grâce. Sa réinterprétation de la Vénus de Canova, qui épouse parfaitement les sculptures de la salle 2, ou l’élan de Daphnis et Chloé enlacés, enchantent le regard.
Wim Delvoye confronte ses créations à celles de la collection du musée, créant un dialogue contrastant. © STEFAN ALTENBURGER PHOTOGRAPHY ZÜRICH
Wim Delvoye se dit passionné par les objets et les artefacts. “Il possède une connaissance extraordinaire de l’art, plus profonde que celle de la plupart des artistes. C’est un grand collectionneur dans le domaine de la numismatique ou de la photographie chinoise, par exemple, souligne Marc-Olivier Wahler, directeur du MAH. C’est aussi sa passion pour aller chercher, dans les moindres recoins, des choses que les gens auraient oubliées qui me fascine.”
Pour obtenir ces chocs visuels, l’artiste applique des techniques fines et précises à des objets usuels négligés ou déconsidérés (pneus, étuis, engins de chantier…). Les objets traditionnels et les innovations les plus avancées sont associés. Son œuvre se caractérise par une hybridation intense.
Wim Delvoye collabore avec des artisans et des corps de métier traditionnels. Il souhaite ainsi redonner une dimension collective, “médiévale”, à son travail artistique. Il poursuit également des explorations technologiques très modernes. Il souhaite nous pousser à une plongée dans nos racines (biologiques, culturelles, mémorielles) et nous confronter à la manière dont nous mettons en scène nos diverses aspirations.
Prouesse technologique, la sculpture tordue Nautilus en acier inoxydable découpé au laser. © STUDIO WIM DELVOYE
L’une des constantes de son travail consiste à détourner une chose de sa logique première. Ainsi, “un Picasso devient un obstacle qu’un jeu de billes géant s’amuse à transpercer, des sculptures religieuses polychromes se voient parasitées par l’apparition en leur sein d’un étrange personnage, des étuis dialoguent avec des sarcophages”. L’artiste place les objets dans un autre contexte changeant nos “routines perceptives”.
La salle mettant en scène des pétards et des madriers de la collection d’armes et d’armures du MAH à côté des fameux pneus de l’artiste offre une illustration de son état d’esprit. “C’est sa motivation profonde : que l’art, grâce à lui, s’inscrive dans tous les systèmes – économique, de culture populaire, scientifique, pataphysique, etc.”, souligne Marc-Olivier Wahler.
Wim Delvoye propose au MAH une expérience artistique et esthétique inédite, ainsi qu’une exploration de notre relation à l’art et aux objets qui nous entourent. Il nous interpelle quant à notre relation au monde. Si ses interrogations sont profondes, il affiche une lecture du monde décalée et teintée d’humour. L’exposition se visite sans parcours imposé. Le public peut s’immerger dans un éventail ludique d’objets, de sculptures et d’installations. Une quête de liberté s’affranchissant des codes et des frontières, à l’image de l’artiste.
Exposition
L’Ordre des choses
Dates
Jusqu’au 16.06
Adresse
Musée d’art et d’histoire (MAH)
Rue Charles-Galland 2
1206 Genève
Site
Billetterie
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