Rédaction
27 April 2021
Dans le domaine du patrimoine, la Ville Lumière possède mille et une pépites, dont le fameux Palais Vivienne, l'un des plus beaux lieux privés de la capitale française, construit au XVIIIe siècle au cœur du Paris historique par l'intendant aux finances, aujourd'hui animé par le décrié collectionneur Pierre-Jean Chalençon et par le traiteur des stars Christophe Leroy. Face à ce scintillement, Bruxelles n'a pas de complexe à nourrir. Bruno Pani et Jean-Michel Loriers s'apprêtent de leurs côtés à rouvrir avec faste l'Hôtel de Merode, anciennement siège de feu le Cercle de Lorraine. Cet événement à venir est l'occasion de rappeler l'histoire de cet immeuble situé au coin de la Place Poelaert et de la Rue aux Laines. Ce récit est étroitement lié à celui de la famille des Princes de Merode. C'était au temps où l'Hôtel de Merode s'appelait en réalité Hôtel Merode...
© Inventaire du Patrimoine Arhictectural - Région de Bruxelles Capitale |
Les origines de l'Hôtel Merode remontent à la première moitié du XVIe siècle. Le bâtiment est alors la propriété de René de Brederode. Ensuite, c'est le comte de Mansfeld, Gouverneur Général Intérimaire des Pays-Bas, qui reçoit le bien. En mai 1604, Alexandre, duc de Bournonville, hérite de l'ensemble du bâtiment. Après la démolition de l'ancien Hôtel Mansfeld, la première pierre du nouvel Hôtel Bournonville est posée le 12 mai 1618 au 23 de la Rue aux Laines. Parmi les résidents, on peut citer vers 1630 la présence de Marie de Medicis. De 1680 à 1703, Olympe Mancini, nièce de Mazarin, loue la belle demeure. En 1727, l'Hôtel Bournonville devient Hôtel Mastaing. Et c'est en 1791 qu'il prend le nom d'Hôtel Merode.
L'Hôtel de Merode depuis la rue aux Laines© Inventaire du Patrimoine Arhictectural - Région de Bruxelles Capitale |
En 1863, Charles de Merode, Président du Sénat, cède à l'Etat belge à un prix dérisoire la majeure partie des « ravissants jardins séculaires » de l'Hôtel familial. Cela permit l'érection du Palais de Justice à la Place Poelaert (devant initialement s'appeler Place de Merode). Charles, Prince de Merode-Westerloo (1887-1997), est le dernier représentant de la famille princière à occuper les lieux. Ensuite, une procédure de classement comme monument historique aboutit le 17 avril 1997 au classement des façades donnant sur la Place Poelaert, de la façade sur la Rue aux Laines ainsi que du « volume » des toitures. Et c'est entre 2005 et 2008 que l'Hôtel Merode et ses dépendances (sises Rue de la Régence) font l'objet d'une profonde et fidèle restauration, assurant à cet ensemble bruxellois d'une valeur historique incontestable de « pouvoir continuer à traverser les siècles » comme l'écrit Baudouin de Merode...