Stéphane Lémeret
12 May 2023
Avec le récent SUV Grecale, Maserati s’attaque sans ambiguïté à Porsche. Que ce soit par ses dimensions ou par la façon dont est déclinée la gamme (bientôt complétée par une version 100 % électrique), le modèle veut à la fois frapper le Macan et le Cayenne. Et le Grecale montre que Maserati est désormais à la hauteur de la marque allemande, tant en matière de performances, que de technologie et de qualité de finitions. C’est avec ces faits à l’esprit que nous avons fait connaissance avec la nouvelle GranTurismo. Et naïvement, nous avons demandé aux responsables de Maserati si cette dernière était bien une rivale de la 911. La réponse nous a pris par surprise. “Non, la clientèle 911 est très spécifique, et recherche quelque chose de très spécifique. La GranTurismo se destine à ceux qui ne veulent pas attendre trois ans pour… une Ferrari Roma.” Voilà, c’est dit. Maserati n’est plus sous la coupe de Ferrari, et entend redevenir sa plus rude concurrente. Comme c’était le cas en compétition, des années 1930 aux années 1950, et comme c’était le cas dans l’univers de la GT de luxe des années 1940, jusqu’au déclin de Maserati dans le courant des années 1970.
© Maserati
© Maserati
Essayer la GranTurismo à la lumière de cette déclaration a été extrêmement révélateur. Car, effectivement, tout concorde. D’abord, l’esthétique de la voiture : un design à la fois simple et sensuel, sans tapage mais bourré de séduction. En somme, tout ce qu’on attend d’une sportive italienne pur jus. Dans l’habitacle, on retrouve le même niveau de qualité et de technologie que dans le Grecale, mais surtout une ambiance luxueuse, élégante et dolce vita. Ambiance que nous avons tendance à préférer à celle de la Roma, car nous trouvons que depuis près de vingt ans, la marque s’inspire trop de l’univers compétition dans tout ce qu’elle fait. La démarche a du sens dans des modèles hyper sportifs, mais elle manque de cohérence dans une voiture à l’esprit “Grand Tourisme”, a fortiori lorsque les lignes extérieures sont très glamour. En cela, donc, la GranTurismo est plus harmonieuse. Par ailleurs, la Maserati peut réellement s’apprécier en famille ou entre amis, car elle dispose de véritables places arrières, accueillantes et très raisonnablement confortables, où la Ferrari, comme la 911 ou l’Aston Martin DB11 d’ailleurs, se contentent de sièges presque dissuasifs. Bien sûr, les aspects rationnels ne suffisent pas à s’attaquer au “Cavallino”. Car tout cela n’est rien sans une expérience de conduite digne de ce nom…
© Maserati
Ce que Maserati oppose au V8 de 620 chevaux de la Roma, c’est son fantastique nouveau V6 Nettuno de 3 litres, qui développe 550 chevaux dans la GranTurismo Trofeo (490 dans la Modena). L’écart de puissance est important sur papier, pourtant les performances des deux rivales se tiennent, à quelques kilomètres/heure en pointe ou quelques dixièmes de secondes à l’exercice du 0 à 100 km/h. Le V6 Maserati n’a pas à rougir en termes de caractère ou de musicalité et, surtout, il est servi par un châssis de haute volée. Mieux que cela ! la Maserati affiche des personnalités très différentes selon le mode de conduite choisi : douce et discrète en mode “Confort”, elle devient de plus en plus expressive, rageuse et joueuse à mesure qu’on sélectionne les modes “GT”, “Sport” et “Corsa”. GT elle est, GT elle reste. Comprenez qu’elle ne bascule jamais dans la radicalité difficile à maîtriser. Mais elle saura activer votre pompe à adrénaline, ô combien ! GT parmi les plus complètes du marché actuel, la Maserati GranTurismo démarre à 182 000 euros. La version Trofeo est facturée 227 300 euros hors options. Ce qui revient – étrange hasard – 10 000 euros de plus que le prix hors options d’une Ferrari Roma. Qu’on se le dise, Maserati est au top de sa forme !
Publicité