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Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros.

Belgique, Bruxelles

24 septembre 2024

Clôturé

Pascal Bruckner

Pascal Bruckner, essayiste et romancier  

L’écrivain Pascal Bruckner, qui collectionne les prix, du Médicis au Renaudot, publie un livre détonnant : « Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros. ». A ses yeux, le monde d’aujourd’hui est devenu « l’ère de la victimisation », nous nous considérerions tous victimes de quelque chose ou de quelqu’un.

Au XVIIe siècle, dans le Léviathan, Thomas Hobbes définissait la vie humaine comme « solitaire, besogneuse, pénible et brève. » Après des siècles de progrès, l’homme occidental serait sur le point de souscrire de nouveau à cette définition. A l’origine, selon Pascal Bruckner, la place de plus en plus importante prise par le récit de la Shoah. La figure du déporté serait devenue la référence de toute victime. A tel point qu’on emploie aujourd’hui le terme de génocide en dehors de tout contexte et de toute définition juridique.

C’est une nouvelle révolution christique. Le Christ, l’enfant né dans une étable, exécuté comme un esclave, élevé au rang de roi et de Dieu. Chacun se voudrait l’égal des plus grandes victimes, le Christ, et dans ce monde sécularisé, le déporté.

Solder le passé
Pascal Bruckner prend comme exemple les dommages et intérêts que les « victimes d’accidents » réclament aux Etats-Unis, ainsi ces parents qui réclament à une société de fast-food 12 millions de dollars, parce que leur fille avait été brulée aux jambes par des nuggets. Au risque de raccourcis excessifs, il compare cette victimisation aux demandes de réparations de la part des descendants d’esclaves. Pour lui, on ne peut faire payer aux contemporains les crimes de leurs aïeux. Ce serait exiger des dommages et intérêts aux Italiens pour les conquêtes de César. L’autoflagellation pratiquée par les pays occidentaux sur leur passé les aurait aveuglés sur les dérives d’aujourd’hui, du djihadisme, à la Russie. C’est l’axe principal de son livre : « Nous perdons toute possibilité d’avenir si nous persistons à régler sans fin les comptes d’autrefois ». A chaque génération un nouveau départ.

Des remèdes existent
A cette victimisation excessive, Pascal Bruckner oppose deux remèdes, la bonté et l’héroïsme. La bonté simple du quotidien, la main tendue des êtres humains entre eux. Et l’héroïsme, comme celui du colonel Arnaud Beltrame, qui a pris la place d’un otage en 2018 à Carcassonne . La plaque commémorative de la ville de Paris le qualifie de « victime » de son héroïsme. Alors que son héroïsme a fait de lui tout le contraire d’une victime.

L’entretien sera mené par le journaliste Christophe Giltay.

©JFPAGA

Christophe Giltay

Grand reporter

Conférence

HEURE

12:00 - 14:00

DATE

Mardi 24 septembre 2024


ADRESSE

Cercle Royal Gaulois Artistique & Littéraire, 5 rue de La Loi, 1000 Bruxelles

Cercle Royal Gaulois Artistique & Littéraire, Rue de la Loi 5, 1000 Bruxelles, Belgique

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