France, Tours
Du 16 juin 2022 au 30 octobre 2022
Frank Horvat, Deborah Dixon sur les marches de la piazza di Spagna, pour Harper’s Bazaar, 1962 © Studio Frank Horvat, Boulogne-Billancourt
Axée sur les 15 premières années de sa carrière, de 1950 à 1965 – période déterminante, durant laquelle Frank Horvat (1928-2020) rencontre Henri Cartier-Bresson –, l’exposition permet de donner à voir la formation et l’évolution d’un regard, celui d’un “photographe du corps et de l’intime” qui se fait jour dès ses premiers reportages (au Pakistan et en Inde de 1952 à 1954), puis dans les rues et les bas-fonds de Paris (1956).
Frank Horvat, Combat de boxe entre enfants à Londres, 1955 © Studio Frank Horvat, Boulogne-Billancourt
Armé de son Leica, le jeune Horvat (alors âgé de vingt-quatre ans) parvient, lors de son premier voyage initiatique en Asie, à capter en gros plan des scènes d’une grande intensité. Un parti pris que l’on retrouve tout au long de son œuvre. Dans ses clichés londoniens pris sur le vif et recadrés en plan serré, l’humour et l’excentricité sont au beau fixe. Dans ses reportages sur les nuits parisiennes où, de cabarets de strip-tease en scènes de music-halls, il inclut les spectateurs-voyeurs dans l’image du spectacle lui-même, cette intensité confine à la théâtralité. Tandis que dans ses vues de Paris prises au téléobjectif, elle joue de la saturation de l’espace et de l’écrasement des plans jusqu’à la distorsion…
Frank Horvat, Chapeau Givenchy pour 'Jardin des Modes', 1958 © Studio Frank Horvat, Boulogne-Billancourt
Accentuée par des effets de grain donnant aux silhouettes une présence, une réalité presque tactile, cette recherche plastique ne pouvait passer inaperçue aux yeux d’un esthète. Lorsqu’en 1957 Jacques Moutin, directeur artistique du Jardin des Modes, propose à Horvat de “transposer son style de photographie urbaine, granuleuse, en lumière naturelle et en petit format, dans la mise en scène des collections de mode et particulièrement du prêt-à-porter, alors en pleine explosion”, il ne pouvait s’imaginer sans doute que certaines d’entre elles, telle celle d’une femme ensevelie sous un extravagant chapeau Givenchy, allait devenir des icônes de la photographie de mode…
Frank Horvat, Deborah Dixon sur les marches de la piazza di Spagna, pour Harper’s Bazaar, 1962 © Studio Frank Horvat, Boulogne-Billancourt
“Cette irruption d’un ‘esprit reportage’ vivant, humoristique et décalé” dans un genre encore très figé et stéréotypé, “séduit les autres magazines et Frank Horvat devient un photographe à succès”, explique Virginie Chardin, commissaire de l’exposition. Enrôlé par Vogue et Harper’s Bazaar, il réalise, entre 1960 et 1962, des compositions de plus en plus sophistiquées, en studio, loin de ses “mises en situation naturelles” avec lesquelles il avait renouveler le genre. La photographie fut ainsi toujours pour lui un éternel recommencement…
Rédigé par Stéphanie Dulout
Exopsition
Frank Horvat ’50-’65
Dates
Du 17 juin au 30 octobre 2022
Adresse
Châteaux de Tours
25 Avenue André Malraux
37000 Tours, France
Horaire
Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h.
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