Martin Boonen
27 March 2025
Laurent Mélotte © DR/LM
Laurent Mélotte naît à Archennes, dans un environnement rural où il découvre le jardinage aux côtés de son père et de son parrain fermier. Sa vocation le conduit à l’Université Catholique de Louvain, où il se spécialise en défense des végétaux. “Je voulais être médecin des plantes, hélas quasi tout le cursus était orienté sur les traitements phytosanitaires.” Face à cette réalité, il dirige son mémoire vers l’agriculture biologique, à une époque où cette approche est encore marginale.
Le monde professionnel ne lui offrant alors que des perspectives dans les multinationales de la chimie agricole ou à l’étranger, il bifurque vers la brasserie, domaine où il enseignera la biochimie. Pourtant, son attachement à la terre reste vivace. En 2015, alors qu’il vient de déménager à Hamme-Mille il fait une mauvaise découverte : “Alors que je m’étais assuré que la nature du sol était intéressante pour cultiver, pas trop sableuse, avec une tendance à l’argile, j’ai compris que mon potager était à l’endroit d’un ancien bâtiment abattu et que le sol était miné de gravats. J’ai donc dû réfléchir à une autre façon de cultiver et c’est comme ça que je suis arrivé à la permaculture. Je me suis d’abord plongé dans la littérature disponible sur le sujet sur internet. J’ai commencé à faire une butte de permaculture… L’idée, c’était d’avoir du bois qui se décompose pour avoir ensuite un sol auto-fertile. Le principe est super intéressant mais il demande des efforts considérables et puis… beaucoup de temps ! Je n’étais pas convaincu. Du coup, de la butte, je suis passé à la lasagne, en nourrissant le sol de carbone et d’azote (on en revient à l’agronomie) dans un juste équilibre. Les résultats ont été bien plus satisfaisants pour un effort bien moindre.” Cette expérience fut le point de départ de son approche actuelle, celle qu’il partage lors de ses ateliers : pas de dogme. “On prend le meilleur de toutes les écoles, et on l’adapte à notre environnement, à notre jardin, mais aussi à nos envies, au temps que l’on désire y consacrer.” Pas de dogme ? Enfin, si, un quand même : “Je m’interdis formellement tout recours à des produits chimiques de synthèse.”
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“Je ne me réclame pas de la permaculture, bien que certaines choses m’inspirent. comme le fait de veiller à l’équilibre du système, d’envisager l’élément naturel comme une unité“, précise-t-il. L’approche de Laurent Mélotte repose sur une dynamique d’expérimentation constante, où la science vient éclairer l’empirisme. “La première chose que j’explique dans mes ateliers, c’est de toujours poser la question de la nécessité de ce que l’on veut faire. Jardiner doit rester un plaisir“.
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Illustration de cette souplesse, sa gestion des nuisibles repose sur la compréhension des équilibres naturels. Plutôt que d’opter pour des solutions radicales, il préconise la patience et l’observation. “Si on traite contre les pucerons, on ne verra jamais de coccinelles. Il faut donc laisser sa part à la nature“. Face à une invasion de limaces, plutôt que de s’acharner à utiliser des méthodes répulsives, il tente une stratégie inspirée de l’élevage d’escargots : disposer de la farine autour des cultures pour préserver les plantations. “Bingo : ça s’est révélé très efficace. Elles se nourrissent de la farine qui se trouve obligatoirement sur leur chemin et j’ai le temps de les récolter et de les éloigner !”
Les formations de Laurent Mélotte se déclinent en deux formats : des ateliers in situ à Hamme-Mille, au potager Mille-Visages, et un coaching à distance. “Les ateliers commencent par une partie théorique sur la fertilité, la composition des sols ou bien la lumière. Ensuite, on met en pratique : semis, boutures, compost…” Un syllabus est transmis aux participants en amont pour enrichir les échanges.
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L’autre volet de la formation, l’accompagnement à distance, permet aux jardiniers de poser leurs questions via un groupe de discussion ou en privé. “Ils peuvent m’envoyer des photos, et de mon côté j’essaie de les guider pour atteindre leurs objectifs.” Laurent Mélotte peut, le cas échéant, aller jusqu’à se déplacer pour distiller, à qui en aurait besoin, ses précieux conseils.
Le cycles des ateliers du Potager Mille Visages de Laurent Mélotte suit une année de jardinage © DR/LM
Le cycle entier suit l’année complète de jardinage, des semis à la récolte en huit séances, mais reste modulable : “Vu les agendas de tout le monde, le cycle peut s’étaler sur deux ans.”
Laurent Mélotte lors de son enfance à la ferme © DR/LM
Au-delà des techniques, Laurent Mélotte préconise un rapport équilibré à la nature. “On agit sur l’environnement, mais il faut lui laisser une part”. Toute intervention doit être mesurée, pour éviter un engrenage où l’on se retrouve à devoir toujours corriger ses propres actions. “Jardiner ne doit jamais être une contrainte. Si cela devient une obligation, alors on a raté quelque chose. Il faut transformer le ‘je dois’ en ‘j’ai envie.”
Par son approche accessible et son refus du dogmatisme, Laurent Mélotte redonne au potager sa dimension essentielle : un espace d’expérimentation joyeuse, ancrée dans la compréhension et le plaisir de faire.
Ateliers
Le potager Mille Visages – Laurent Mélotte
Adresse
Rue Jules Coisman, 10
1320 Hamme-Mille
Contact
Sur internet
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