La Bourse du Commerce - Pinault Collection

France, Paris

Camille Misson

16 March 2022

Vue de l'exposition d'Urs Fischer © Bourse du Commerce - Pinault Collection

Véritable événement médiatique du printemps dernier, l’ouverture de la Bourse de Commerce – comprenez le “nouveau musée de la Collection Pinault” déployé dans l’ancienne Bourse de Commerce de Paris – aura longtemps occupé la place dans la presse française et internationale.

Vue de l'exposition d'Urs Fischer © Bourse du Commerce - Pinault Collection

Vue de l'exposition d'Urs Fischer © Bourse du Commerce - Pinault Collection

Ce fut d’abord le projet, annoncé en 2016, lors de la concession du bâtiment par la Ville de Paris à François Pinault, onze ans après l’échec de son projet d’occupation de l’ancienne usine Renault de l’île Seguin sise sur la Seine. L’annonce laissait poindre la clameur, à peine étouffée, des trompettes de la victoire de l’homme d’affaires n’ayant jamais abandonné son rêve d’occupation de la capitale française, malgré la réussite de son implantation à Venise (en 2006 au Palazzo Grassi, puis en 2009 à la Punta Della Dogana) : il avait vaincu… Ce fut ensuite le dévoilement du projet architectural de Tadao Ando (“le compagnon de tous mes projets culturels”, dixit François Pinault *) et de son aménagement minimaliste de la majestueuse rotonde de l’ancienne halle au blé du XVIIIe siècle, couverte en 1812 d’une spectaculaire coupole de verre et de métal, avant d’être transformée en Bourse de Commerce en 1889 : un cylindre de béton (de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre) enchâssé dans le bâtiment circulaire originel, dont la restauration était concomitamment confiée à Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques. Un geste architectural d’une simplicité et d’une pureté radicales, dont l’esthétique hautement symbolique suscitera moult effusions et analyses critiques…

Bertrand Lavier, Manubelge, 1982 © Bertrand Lavier Courtesy kamel mennour, Bourse de Commerce - Pinault Collection

Bertrand Lavier, Manubelge, 1982 © Bertrand Lavier Courtesy kamel mennour, Bourse de Commerce - Pinault Collection

Bertrand Lavier Maip, 1981, extincteur, peinture acrylique © Bertrand Lavier / ADAGP, Paris 2021, Bourse de Commerce, Photo : Aurélien Mole

Bertrand Lavier Maip, 1981, extincteur, peinture acrylique © Bertrand Lavier / ADAGP, Paris 2021, Bourse de Commerce, Photo : Aurélien Mole

Des faux trompe-l’œil de Bertrand Lavier, inversant “le rapport entre les choses et leurs images”, aux toiles en guenilles, reliquaires de déchets et autres hybridations de rebuts de David Hammons court-circuitant tous les codes de l’art et de l’économie, en passant par les peintures en creux de crânes de Marlène Dumas, l’esthétique du vide et de l’effacement prime, et de galerie en galerie, susurre une troublante méditation sur l’absence et la disparition. Une mélancolie subversive caractéristique de l’art d’aujourd’hui, que l’on verra sans doute poindre dans les accrochages à venir de ce nouveau temple de la contemporanéité.

En couverture : Vue de la coupole et du cylindre de béton de Tadao Ando © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Gatier Photo Marc Domage

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