Rédaction
11 December 2020
Récemment restaurée, ainsi que l'ensemble du bâtiment, la façade Art déco du Lutetia trahit d'emblée la vocation artistique des lieux. Elle est l'œuvre de deux sculpteurs, Léon Binet et Paul Belmondo. Fondé en 1910 par la propriétaire du Bon Marché, Madame Boucicaut – qui a donné son nom au square voisin –, le palace centenaire rouvrait il y a deux ans, au terme d'interminables travaux orchestrés par l'inénarrable Jean-Michel Wilmotte. L'architecte français supervise d'ailleurs, en ce moment même, la construction du Grand Palais éphémère, bâtiment provisoire de 10 000 m2 voué à accueillir les événements d'ordinaire organisés sous la nef du monument parisien.
Que la visite commence ! Dans le hall, deux hélices, baptisées Fleurs cosmiques par Takis, montent la garde de part et d'autre de l'emblème de l'hôtel, au sol. Il s'agit d'un navire évoquant la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur". On lève la tête ! Sur la gauche, un Gustave Eiffel sculpté par César rappelle le regard à l'ordre, à hauteur d'homme. Direction le bar Saint-Germain, dont la verrière doit sa charpente audit ingénieur, et ses nouveaux motifs colorés à Fabrice Hyber. En face, le bar Joséphine abrite une fresque d'Adrien Karbowsky, découverte sous non moins de six couches de peinture, durant les travaux de restauration en 2018. C'est alors que furent également exhumées, entre autres trésors, quatre toiles de Léon Vauguier, dont une paire repose désormais à l'Orangerie. Impossible de restaurer les deux autres...
Quant à Philippe Hiquily, ses bronzes aux lignes épurées occupent presque toutes les parties communes, de la bibliothèque au fumoir, prolongement, à l'étage, de la brasserie ornée de portraits signés Jean Le Gac. Joséphine Baker, Antoine de Saint-Exupéry, James Joyce, Samuel Beckett... autant de sommités auxquelles l'artiste a voulu rendre hommage du bout de son pinceau.
À droite du restaurant, en sortant (mais restons encore un peu à l'intérieur !), Fred Allard dispose d'un espace d'exposition à son nom. L'occasion de voir ou revoir sa collection Vide ton sac, compressions d'objets variés – montres, bouteilles de parfums, canettes de soda, écouteurs.... – cachés au fond de la besace de ses "victimes", toutes "fashion", parmi lesquelles le footballeur brésilien Neymar.
Avant de monter dans les chambres décorées par Jean-Michel Wilmotte, retour à la case départ, à savoir la réception, où trônent des chaises conçues par Arman que le Lutetia comptait parmi ses résidents. À une époque, certains artistes ont même laissé des œuvres en guise de paiement ! Point de départ d'une collection partiellement vendue en 2014, et dont il reste près de 280 objets.
Cap sur la "Suite présidentielle Carré Rive Gauche", inaugurée il y a un peu plus d'un an, au 6e étage, en collaboration avec Carré Rive Gauche, association d'antiquaires et de galeristes du quartier. Céramiques italiennes du XVIe siècle, coffre Renaissance, vase chinois, porcelaines du XIXe, peintures et sculptures contemporaines... Divers genres et époques cohabitent à dessein dans cet espace d'habitation-exposition de 170 m2. Avec vue sur la tour Eiffel, cela va de soi ! Bientôt, une autre chambre servira de carte blanche à un étudiant de l'école des Beaux-Arts de Paris...
En attendant d'en savoir plus à ce propos, rendez-vous au comptoir de la conciergerie qui fait face, dans le hall, au Gustave Eiffel de César. Pour prolonger l'expérience Lutetia hors-les-murs, l'hôtel propose des balades artistiques au cœur de Saint-Germain-des-Prés, soit un moyen pratique d'explorer les galeries environnantes, les expositions à l'affiche des institutions voisines et/ou partenaires (le musée Maillol, le musée Rodin, le musée d'Orsay, la fondation Cartier...). C'est parti pour un après-midi arty !
Hotel Lutetia
Paris 6e
www.hotellutetia.com
Publicité