Thomas de Bergeyck
03 January 2025
Il a atteint l’âge de 69 ans, respectable pour faire ses cartons et quitter le bureau grand-ducal. Au fond, le grand-duc Henri suit ainsi la tradition familiale car son propre père avait choisi, en 1999, également durant le discours du réveillon de passer la main. Jean de Luxembourg avait alors 78 ans et 36 années de règne derrière lui. Prendre sa retraite, c’est un processus naturel qui a sa raison d’être a expliqué Henri à la fin de sa prise de parole. Une pension à laquelle tout le monde a droit.
Le grand Duc Jean avait ouvert la voie à son fils en abdiquant lui aussi © Photo News
Quoiqu’il en soit, le souverain prouve que l’abdication n’est plus du tout cette infamie dont elle a longtemps été frappée, synonyme d’abandon du pouvoir et de perte des valeurs ancestrales. Souvenez-vous du “shame”, du “shocking” et du “horrific” que fut le renoncement d’Edward VIII par amour pour une américaine deux fois divorcée. Et que dire du passage de relais de Léopold à son fils, à l’aube des années 50 après une Question royale sanglante ? Ou encore de l’abdication d’un Juan Carlos, empêtré dans les scandales et qui n’a pas eu d’autre choix que de refiler la couronne à son fils ?
Le grand Duc Henri n'aura pas du attendre le décès de son père pour lui succéder © Photo News
Aujourd’hui, abdiquer ne signifie pas renoncer. Henri qui abdique, c’est Henri qui offre à son fils et son épouse, notre compatriote Stéphanie, l’occasion d’entamer en pleine possession de leurs moyens un règne pérenne. Ce jeune couple qui jusqu’ici n’a fait que du bien au pays, est déjà accompli : il a donné un héritier au trône. Désormais … il n’y a plus qu’à ! Et puis que dire des souverains sortants ? Henri et Maria-Teresa le font par la grande porte. Pas de scandales. Pas non plus, à notre connaissance, de traumas cachés qui obligeraient le chef de l’état à renoncer au pouvoir. Ils partent “en popularité”. De quoi faire de ce couple bientôt émérite un excellent modèle pour la génération qui suit.
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Bien entendu, en abdiquant subsiste toujours le risque que celui qui s’en va ne s’en va pas totalement. En gros, qu’il joue la belle-mère comme le fut Léopold II pour le jeune Baudouin. Partir, c’est céder les rennes. Le cheval doit être dirigé par un seul cavalier.
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Moi j’aime l’idée de l’abdication. C’est vrai, c’est une garantie d’un sang neuf sur le trône, dans ce régime monarchique tant décrié justement pas son absence de renouvellement. En abdiquant, vous offrez à votre pays l’occasion d’une modernité que, seul, vous ne pouvez pas assurer pleinement. Sans compter sur la fraicheur d’un conjoint venu d’ailleurs et qui insuffle dans le régime un air frais. Par ailleurs, en abdiquant vous réduisez le risque de tensions politiques et sociales lancinantes, avec un roi qui serait par trop “figé” sur certaines positions tandis que son corps d’élus, lui, grandit avec le monde.
Guillaume de Luxembourg, lieutenant-représentant du grand-duc, jusqu'au 3 octobre 2025, date à laquelle il lui succèdera © Photo News
Abdiquer c’est aussi prévenir un tassement de popularité dans une monarchie qui aurait tendance à s’endormir. L’abdication est un processus réfléchi, anticipé. C’est un départ préparé à la fois par la famille régnante mais aussi par le politique. Rien n’est laissé au hasard. Les citoyens pourraient, il est vrai, se sentir désarçonnés par l’arrivée du nouveau souverain. La transition sera d’autant plus harmonieuse qu’ils ont été préparés à la succession : un bon héritier aura déjà roulé sa bosse plusieurs années avant d’embrasser le trône. Il aura fait ses preuves ou occupé un rôle essentiel durant ses années préparatoires. Comme d’ailleurs notre Guillaume, actuellement et jusqu’en octobre Lieutenant-Représentant du grand-Duché. Nul doute que cette année 2025 sera la plus belle de son existence après son mariage avec Stéphanie.
Une année radieuse, c’est aussi ce que je vous souhaite de tout cœur en cet Année nouvelle !
Photo de couverture : © Photo News
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