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Les roues du Flower Power

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Stéphane Lémeret

11 March 2025

Quand nous avons appris que ce numéro de L’Éventail était placé sous le thème des fleurs, nous avons immédiatement trouvé comment y faire correspondre cette rubrique : en vous parlant de ces voitures que l’inconscient collectif associe aux cheveux long… et aux nuages psychédéliques.

Fin des années 1960, une révolution était en marche. Elle devait être sociale, musicale, sexuelle, politique… Toute une génération voulait changer le monde, ébranler ses règles castratrices et arbitraires. La liberté et l’amour étaient les mots butoirs sans cesse répétés par ces soldats de l’harmonie universelle. La douce invasion des fleurs avait commencé, elle se répandait dans le monde. Et ses “Croisés” parcouraient les routes dans des engins à l’opposé des blindés kaki. Leurs véhicules bariolés allaient devenir les symboles d’une époque. Ils emmenaient autour du globe un message de fraternité. Pour les hippies et les babas-cool, l’automobile était une amie. Que reste-t-il aujourd’hui de cette révolution ? Quelques acquis, quelques souvenirs et beaucoup de ces amies à quatre roues…

© Citroën

© Renault

Pourquoi elles ?

Quelle marque ne rêve de voir l’un de ses modèles devenir l’icône d’une époque ? Ce n’est, hélas, pas donné à tout le monde. Ça l’est encore moins de créer une voiture qui aura sa place au sein d’une période historique. Car on parle bien ici de tournant dans l’histoire. Sans le vouloir, Volkswagen avec son Combi, Citroën avec sa 2CV et Renault avec sa 4L se sont retrouvés au premier plan. Pourquoi sans le vouloir ? Parce que ces automobiles n’avaient, à la base, pas été créées pour conduire une révolution… Parce que cette révolution était encore en germe dans certains esprits lorsque ces trois voitures ont débuté leur carrière : leur succès commercial était bien établi quand a commencé le mouvement. Et c’est justement ce qui leur a offert une seconde vie, plus riche encore que la première.

Nées rurales, prolétaires et pour tout dire un peu classes moyennes, ces voitures allaient servir de cheval de bataille – ou plutôt d’âne de pèlerin – à ceux qui refusaient ce genre de classifications. Car les babas ne travaillaient pas à la chaîne ou dans l’administration. Ils n’avaient ni les moyens, ni l’envie d’acheter une voiture neuve comme leurs parents, pour qui signer un bon de commande était une sorte d’accomplissement social. Ils choisirent donc des voitures déjà vieilles de dix ou quinze ans. Des voitures modestes, sympathiques, dont ils pourraient sans remords recouvrir la carrosserie de fleurs dessinées grossièrement au pinceau. Des voitures rustiques et robustes, dont la simplicité mécanique les autoriserait à bidouiller eux-mêmes les réparations de fortune, au bord d’une route d’Ardèche ou quelque part au Népal. Des voitures si répandues que les pièces se trouveraient partout et pourraient s’échanger contre un collier de fleurs et quelques bâtonnets d’encens.

The Volkswagen Light Bus © Volkswagen

Afrique. 2CV participant au Raid Afrique poussée et tirée par des hommes dans le désert en 1973. Utilisation éditoriale uniquement, nous contacter pour toute autre utilisation © Citroën

Les globe-trotteuses

Et c’est ainsi que des milliers de garçons et de filles, de l’amour plein le cœur et du hachisch plein les neurones, sont partis à la découverte du monde. Sur le continent américain, le minibus VW était le gourou. Il arpentait les côtes californiennes et traversait la frontière mexicaine. Il parcourait le Canada en tous sens et égayait New York. À bord, des cheveux longs, des couvertures à fleur, des filles nues et libérées, des tambourins… La destination ? Une manifestation contre la guerre du Vietnam, Woodstock ou simplement le sens du vent… L’état d’esprit ? La découverte des sens par tous les moyens possibles, le partage, la liberté. Et bien sûr Peace and Love ! Combien d’enfants ont été conçus dans un van Volkswagen en ces temps-là ?

© Renault

En Europe, les 2CV et les 4L étaient partout. Sur les marchés déferlaient des communautés hippies chargées de fromages de chèvre, de vêtements en laine et de sacoches en cuir tressé que les beatniks produisaient eux-même ou que les plus nomades rapportaient de leurs voyages mystico-psychotropes en Inde, au Pakistan, au Népal… À cette époque, Katmandou était l’Eldorado, Zion, l’Eden. Tout à la fois. C’était pour eux le paradis de la liberté. Pour les réactionnaires, c’était l’enfer du vice. Ces voyages, ils les entreprenaient en 2CV, en 4L, en Combi… ou en stop. En général, ceux qui s’arrêtaient pour embarquer des auto-stoppeurs à cheveux longs et poncho péruvien avaient… de longs cheveux et un poncho péruvien. Et ils conduisaient une voiture à fleurs. Elle n’allait pas vite ? Et alors ? Les cerveaux étaient de toute façon ralentis par d’étranges volutes. Le voyage de l’esprit primait sur le voyage tout court. Et puis, rien ne pressait : un nouveau monde débarrassé de l’angoisse du temps était en construction, croyaient-ils.

Que s’est-il passé ?

On le sait aujourd’hui, leur rêve utopique ne s’est (hélas ?) jamais réalisé. Pourquoi ? Comment ? Vaste débat que nous ne lancerons pas ici. L’amoureux d’automobile qui rédige ces lignes se pose d’autres questions. D’abord, que s’est-il passé pour que les écolos d’aujourd’hui haïssent à ce point un objet que leurs prédécesseurs ont tant aimé ? Ensuite, que penser du retour nostalgique de ces véhicules dans des formes modernes et… électriques ? VW ID.Buzz, Renault 4 et bientôt, si les rumeurs disent vrai, retour de la 2CV. Difficile de décider si c’est un bel hommage ou une dilapidation d’héritage. Une chose est sûre : ces retours montrent la puissance symbolique qu’avaient ces “babamobiles” !

© Baci

Baci

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