France, Paris
Du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023
Esther Ferrer, Europortrait © Musee-du Louvre Raphael Chipault, Adagp Paris 2022
Éminente historienne de l’art, Laurence Bertrand Dorléac en est l’auteur. Ayant eu carte blanche, elle a laissé son œil vagabonder en toute subjectivité dans les collections du Louvre, mais aussi celles des plus grands musées et collections privées, pour donner une seconde vie aux chefs-d’œuvre anciens au fil de contrepoints contemporains. “Les artistes ont, en effet, été les premiers à prendre les choses au sérieux. Ils ont reconnu leur présence, les ont rendues vivantes et intéressantes en exaltant leur forme, leur signification, leur pouvoir, leur charme, ont saisi leur faculté à donner forme à nos peurs, à nos croyances, à nos doutes, à nos rêves, à nos désirs, à nos folies.”
Adriaen Coorte, Six-coquillages sur une table de pierre © RMN Grand Palais Musee du Louvre Michel Urtado
La profusion et l’accumulation (fruits, poissons… dans les compositions à la flamande) poussées jusqu’au recouvrement total de l’espace de la toile dans les paysages de bombance d’Erró (Foodscape, 1964) ne nous disent-ils pas la peur du manque et du vide ? De même que la collection (perles, coquillages et autres objets de curiosité), celle de la dispersion ? Tandis que la sacralisation (du pain et du vin et des instruments de la Passion dans la peinture chrétienne) participe davantage d’une dématérialisation de choses, bien qu’une certaine sacralité de l’ordinaire (citons Le Citron ou L’Asperge de Manet) y fassent écho…
Rene Magritte, Le modele rouge © Centre Pompidou RMN Grand Palais Philippe Migeat
Les silences de la nature morte – baptisée still life (en anglais), stilleven (en néerlandais), soit, “vie silencieuse” ou “vie immobile”, au milieu du XVIIe siècle – en disent long sur nos attachements, nos angoisses, nos espoirs – “car les choses et l’être ont un grand dialogue”, écrivait Victor Hugo. Ainsi, des fleurs fanées ou de la bougie éteinte des Vanités – Memento mori réinterprété en 1991 par Robert Gober et sa jambe emprisonnée dans un mur et transformée en porte-bougie… Ainsi, également, des hybridations, métamorphoses et autres transsubstantiations orchestrées par les Surréalistes, lesquels croyaient au pouvoir magique des choses et, plus encore, de leurs rencontres fortuites : flottants ou égarés dans un monde déshumanisé, leurs objets poétiques sont les messagers de nos rêves…
En couverture : Robert Gober, Untitled, © Palazzo Grassi photographie Matteo De-Fina, Robert Gober
Exposition
Les Choses – Une histoire de la nature morte
Dates
Du 22 octobre 2022 au 23 janvier 2023
Adresse
Musée du Louvre
Rue de Rivoli
75001 Paris, France
Horaire
Ouvert tous les jours de 9h à 18h.
Fermé le mardi.
Billetterie
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