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L'été des livres : Michel Drucker

letedeslivres

Corinne Le Brun

11 July 2019

© Guillaume Gaffiot//Bestimage/Photo News

Jeunisme à la télévision, secrets de trois femmes ou pouvoirs magiques d'une ado ou encore confiance et convoitise, voici une sélection de quatre livres savoureux à glisser dans les valises pour les vacances. Rencontres avec quatre auteurs pour qui l'été est aussi une tranche de vie et de... lectures.

Vivement dimanche et Vivement dimanche prochain (France 2) reprendront en septembre. Michel Drucker est revenu à la télé. Ses réflexions sur le temps qui passe ont donné naissance à un livre, son cinquième, Il faut du temps pour rester jeune, Ed. Robert Laffont. Un livre positif, sur l'âge à la télé et dans la société. Rencontre avec l'animateur inoxydable qui présentera son prochain spectacle De vous à moi en février à Bruxelles.

Eventail.be - Vivement dimanche prochain s'est arrêté pendant deux ans. Un grand moment de déception. Vous voilà de retour, sur votre canapé rouge...

Michel Drucker - J'ai failli jeter l'éponge. L'été dernier, j'ai commencé une parano. Ma femme (Dany Saval, ndlr) me disait : "tu es là depuis 55 ans, il y a 4500 images INA te concernant, de quoi tu te plains ?" J'étais partagé entre la déception d'avoir perdu cette tranche dominicale et en même temps la lucidité faite d'autodérision. Moi aussi, j'avais pris la place de Jacques Martin il y a vingt ans. Le moment de déception et de tristesse passé, je me suis rassuré. J'ai fait mon spectacle qui a été un énorme succès (Seul avec vous, ndlr), j'ai commencé l'écriture de mon livre. Takis Candilis, le nouveau patron des contenus de France Télé m'a convaincu: « arrête de faire une parano ; je te redonne le dimanche ». C'était une bonne nouvelle. Même si c'est difficile de reprendre une émission qui s'est arrêtée pendant deux ans. Il faut que les gens reviennent. J'ai signé un contrat d'un an. Je préfère aller d'année en année. C'est miraculeux d'être encore là à mon âge. En septembre, j'aurai 77 ans.

Michel Drucker et son épouse, Dany Saval © DR

- Que signifie vieillir, pour vous ?

- La vieillesse c'est compliqué. J'ai voulu montrer que vieillir ce n'est pas seulement devenir vieux. À 95 ans, on peut avoir la vivacité d'un jeune homme, comme Charles Aznavour l'a montré jusqu'à la fin. À la télévision, on vous fait comprendre qu'au-delà de 50 ans, vous n'existez plus. Quand le privé et la publicité sont arrivés à la télévision, on a demandé aux animateurs de s'adresser aux téléspectateurs en termes de consommateurs : il fallait séduire la ménagère de moins de 50 ans, y compris dans le service public. Maintenant, on s'adresse à la responsable des achats. J'avais 45 ans au moment du vent du jeunisme. On m'a fait comprendre que je devais « me rajeunir ». Je suis passé au service public, cela s'est bien passé. Mais il y a deux ans, trente-cinq ans après, cette fois, je me suis dit, c'est ton tour de t'éclipser, d'autant que depuis deux ans, pas mal de gens ont dû quitter la télé (Patrick Sébastien, Thierry Ardisson, NDLR). Maintenant, je suis le seul représentant des seniors.

 
© Bruno Bebert / Bestimage/Bestimage/Photo News

- Tout en vieillissant, il faut rester jeune...

- Il y a des faux jeunes, cela a un côté grotesque. J'ai choisi comme solution pour bien vieillir, sans faire de jeunisme, de m'occuper de ma santé. Dès mon entrée à la télévision, j'avais 22 ans, mon souci c'était de durer. Etant fils et frère de médecin, au lieu de me réjouir, je me suis inquiété. Les patrons qui m'ont accueilli et appris le métier, Léon Zitrone, Pierre Sabbagh..., avaient la cinquantaine et des enfants de mon âge. Tout de suite, je me suis demandé est-ce que, à cinquante ans, je serai encore là ? J'en ai fait mon défi : je vais m'inquiéter toute ma vie mais cette inquiétude sera positive. À 50 ans je serai encore à la télévision. Et bien j'y suis encore 25 ans après.

Avec son ami Charles Aznavour © DR

- Durer à la télé et aussi continuer à vivre...

- Le goût de la vie pour moi c'est faire mon métier. Et quand on a pour passion son métier, on n'a pas l'impression de travailler. Quand je m'arrête pendant les vacances, c'est l'obscurité, la machine se ralentit physiquement, intellectuellement. J'ai peur de ne plus pouvoir faire redémarrer le moteur. Je fais autre chose mais la tête continue à travailler.

Michel Drucker entouré des Belges Didier Reynders, Eddy Merckx, Jacky Ickx et Salvatore Adamo © DR

- Les lectures occupent vos étés ? Lesquelles ?

- Je pars dans le sud de la France. J'enfourche un de mes vélos - dont l'un m'a été offert par Eddy Merckx -, je prépare mes spectacles, je lis la presse. J'ai découvert la littérature grâce à la télévision. Je n'ai rien retenu de mes lectures d'enfance. C'est en voyant les adaptations à la télé de Les raisins de la colère, Les rois maudits, Vipère au poing que j'ai eu envie de lire Steinbeck, Druon, Bazin et d'autres... Fabrice Luchini m'a fait découvrir Roland Barthes, Céline, Nietzsche, La Fontaine. Si je l'avais eu comme professeur, j'aurais peut-être poursuivi mes études. Je lis des auteurs très différents : Maupassant, Balzac, Zola et Jean d'Ormesson, mon écrivain préféré.

Il faut du temps pour rester jeune
Michel Drucker
Ed. Robert Laffont
www.lisez.com/il-faut-du-temps-pour-rester-jeune
 
De vous à moi
de et avec Michel Drucker
au Centre culturel d'Uccle
20 février 2020
www.ccu.be/de-vous-a-moi

Olga de Amaral

Arts & Culture

Depuis les années 1960, Olga de Amaral (Bogota, °1932) révolutionne l’art textile en explorant des matières comme le lin, le coton, le crin de cheval et la feuille d’or.

France, Paris

Du 12/10/2024 au 16/03/2025

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