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Pierre Van Vliet raconte la F1 avant Netflix

Automobile de collectionhistoireMichel Vaillant

Martin Boonen

07 September 2023

Depuis quelques années, la série à succès Drive to Survive, a permis à la Formule 1 de conquérir un nouveau public. Pourtant, la catégorie reine du sport automobile n’avait pas attendu Netflix pour raconter d’extraordinaires histoires sportives et humaines. Alors qu’il arpente les paddocks du monde entier depuis 50 ans, Pierre Van Vliet s’est – enfin – décidé à nous ouvrir sa boîte à souvenirs dans un formidable livre : “Ma vie sur les circuits”.

S’il y en a un en Belgique qui peut se permettre d’avoir un regard holistique sur le sport automobile, c’est sans aucun doute Pierre Van Vliet. Impossible (ou presque) de résumer la carrière de notre PVV national. Alors, penchons-nous sur ses faits d’armes principaux : comme journaliste, il commenta, aux côtés d’Alain Prost puis de Jacques Laffite, plus de 250 grand-prix de F1 sur TF1 (ainsi que les 24 Heures du Mans et les 500 Miles d’Indianapolis). Mais on l’a vu et entendu également aux micros de la RTBF, de RMC et TMC, de BeTV, VOO et Canal +. Après avoir collaboré avec des quotidiens et des hebdomadaires bien connus (Sport Auto, Auto Hebdo, Sport Moteur…), il fonda et fut le premier rédacteur en chef d’une revue de référence consacrée à l’actualité de la Formule 1 : F1 Magazine (devenu F1i Magazine). Il accompagna, comme manager, la carrière d’un paquet de pilote belge, de Thierry Boutsen à Jérome D’Ambrosio. En parlant de la Belgique, il fut le patron du RACB (Royal Automobile Club de Belgique) sous la présidence de son ami John J. Goossens. Les week-ends de relâche, il se permettait même d’enfiler un casque en – très – honorable pilote amateur. Bref, n’en jetez plus : la coupe est pleine !

Mais quand on a été tour à tour (et parfois tout à la fois) journaliste, présentateur, attaché de presse, producteur, manager, directeur d’automobile club et même pilote… et qu’on veut raconter ses souvenirs, par quoi commencer ?

© DR

Le tour du monde en 80 circuits

La formule choisie par Pierre Van Vliet est à l’image de sa carrière : un grand tour du monde à la rencontre des pilotes, des mécanos, des team managers, des sponsors… En 80 circuits (les plus prestigieux évidemment, mais aussi des pistes plus anonymes), il partage avec nous une sélection soigneuse d’histoires vécues au bord de la piste. Certaines sont historiques, d’autres anecdotiques, mais toutes ont quelque chose à dire sur leur époque et sur l’évolution de la course auto.

À Barcelone, pendant les essais hivernaux de la l'inter-saison de Formule 1 © DR

De Monza à Silverstone, de Monaco à Indianapolis, de Francorchamps à Suzuka, PVV raconte l’ère des gentlemen drivers, de l’amateurisme, et de la camaraderie. Une époque pleine de légèreté, presque potache où les paddocks ressemblaient un peu à une colonie de vacances pour grands gamins qui se retrouvaient aux quatre coins du monde pour s’amuser avec leurs surpuissants jouets sur roues. Entre petites et grandes bêtises, amourettes d’un soir (ou plus…) et authentiques actes de bravoure, il raconte aussi, l’inévitable mais passionnante professionnalisation de ces artisans de la course. On découvre les dessous de l’avancée de la médiatisation et avec elle, l’arrivée de la publicité. À l’époque, la manne céleste de grands sponsors alcooliers et tabagistes n’étaient pas encore moralement pointés du doigt et rendait toute cette clique de happy fews en goguette un peu euphorique. On voyageait alors en jet ou en hélicoptère privé sans vraiment se soucier de rien d’autre que du nombre de fuseaux horaires qui séparait le point de départ de la destination.

Pierre Van Vliet et Alain Prost, à Francorchamps, avec en toile de fond, le célèbre raidillon de l'Eau rouge © DR

Entre rires et larmes : la fraternité

Pourtant, au temps béni de Pierre Van Vliet, malgré cette forme d’insouciance, si autour des circuits l’on s’amusait beaucoup, il arrivait – régulièrement – de pleurer aussi. La fête qui entourait le F1 Circus en déplacement dans le monde n’arrivait jamais tout à fait à faire oublier les risques que prenaient les pilotes au volant de leurs autos rutilantes. Des risques que partageaient aussi les commissaires de piste et les mécanos. Le récit de Pierre Van Vliet du funeste week-end du 1er mai 1994 à Imola, qui vit la disparition, coup sur coup, du discret Roland Ratzenberger et de l’immense Ayrton Senna, est éloquent. La description des derniers tours de piste d’un Sir Stirling Moss épouvanté l’est peut être plus encore.

Monument en hommage à Ayrton Senna à Imola © DR/Shutterstock.com

C’est d’ailleurs cette éventualité fatale commune qui faisait du petit monde du sport auto d’alors une vraie communauté, une famille. Car, en lisant Pierre Van Vliet, ce qui marque le plus, ce sont les amitiés que le journaliste a pu tisser avec la plupart des personnages les plus légendaires de la compétition automobile. Alain Prost, Ayrton Senna (dont la famille joua un rôle important dans la vie personnelle de l’auteur), Niki Lauda, Jacky Ickx, Nigel Mansell et même Bernie Ecclestone (l’emblématique patron et argentier de la F1 entre 1987 et 2017) : il n’en est pas un sur lequel il n’a pas une savoureuse anecdote personnelle à raconter. Le professionnalisme, l’enthousiasme, la curiosité et la bienveillance de Pierre Van Vliet lui ont ouvert, en cinq décennies, la porte de tous les garages, de tous les motorhomes.

À la croisée de Michel Vaillant et de Netflix

À lire, c’est un régal. Avec sa plume de journaliste, Pierre Van Vliet nous balade d’un circuit à l’autre, comme s’il nous recevait, accoudé à l’une des tables hautes du Club des V, le club privé qu’il a fondé avec Jean-Pol Piron en hommage à Michel Vaillant (à qui il doit la passion dont il a fait son métier) qui rassemble les fana de course auto du tout Bruxelles et de sa périphérie. Si l’on n’eut pu craindre un effet “catalogue” en découvrant la longue liste de circuit du sommaire, il n’en est rien. Avec beaucoup d’astuce et de métier, l’auteur parvient à passer de Misano à Monaco, ou de Sepang à Silverstone, avec beaucoup de rythme et sans baisse d’intensité. À chaque circuit, de points de corde en vibreurs, de nouvelles aventures se dévoilent. Une lecture savoureuse, d’autant plus que PVV, tout au long de son livre, ne cède jamais à la tentation de la nostalgie ou du passéisme.

Pierre Van Vliet, dans son repère bruxellois du Club des V, entouré, à droite de Jean-Pol Piron, et de Philippe (à gauche) et Jean Graton (assis) © DR

À la lecture de tous ces récits authentiques, grands ou petits, racontés par Pierre Van Vliet, nous comprenons vite comment, bien avant Netflix, Jean Graton, l’auteur de Michel Vaillant, s’inspirait de la course automobile pour écrire de palpitantes histoires humaines. Les souvenirs de Pierre Van Vliet se montrent décidément à la hauteur de la fiction… Vroooaaw…

Le Lombard fête ses 77 ans avec Tintin

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Le journal Tintin fête cette année ses 77 ans ! Pour l’occasion, Le Lombard, son éditeur historique (dont l’histoire se confond d’ailleurs avec celle du magazine), sort un numéro spécial qui fait honneur à son héritage culturel. Gauthier van Meerbeeck, directeur éditorial de l’historique maison d’édition belge, revient sur la démarche à l’origine de ce collector en puissance et la collaboration avec Nick Rodwell et Moulinsart. Il nous explique aussi comment le monde de la bande dessinée évolue et quels sont les défis actuels et futurs du 9e art.

Informations supplémentaires

Livre

Ma vie sur les circuits

Auteur

Pierre Van Vliet

Éditeur

City Éditions

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Livres

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