Maxime Delcourt
03 March 2020
Eventail.be - Vous avez rencontré un vrai succès d'estime avec les deux premiers volumes de La vie augmente. Quelle était l'ambition au moment d'enregistrer ce troisième volume ?
Isha - L'idée, c'était de faire le rap que j'aime. Je l'ai enregistré à droite et à gauche, sans chercher à m'imposer des séances en studio, mais avec l'idée de me mettre en danger par instant. Comme sur Bad Boy, où je rappe sur une musique électronique typiquement anglaise. Pareil au niveau des thèmes, avec des textes comme celui de Les Magiciens, où j'aborde le colonialisme et son impact sans tomber pour autant dans la revendication pure. Je voulais quelque chose de plus subtil.
- Il y a un côté confessions intimes dans vos albums, non ? Parfois, vous dites même des choses qui ne jouent clairement pas en votre faveur...
- Je suis persuadé que certains de mes proches ne me connaissent pas, dans le sens où ils n'écoutent pas mes textes, ils ne connaissent pas Isha, le rappeur. Or, c'est pour moi un exercice thérapeutique, un terrain de jeu où je me livre. Un peu comme dans les interviews, finalement... Ça me fait du bien de parler, et je pense sincèrement que ça peut faire du bien aux autres.
- Vous étiez comment à l'adolescence ? Vous aviez déjà besoin de vous libérer cette mélancolie ?
- J'avais un journal intime, mais c'était un truc que je cachais. Et comme je n'avais pas encore le rap pour me libérer ou canaliser mes sentiments, j'emmagasiner pas mal de colère. Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux.
© Guillaume Kayacan |
- À bien regarder les pochettes des trois volumes de La vie augmente, on a pourtant l'impression que vous vous déshumanisez petit à petit, avec cette mâchoire humaine qui est depuis devenue celle d'un robot.
- C'est une grille de lecture, en effet. Et c'est vrai qu'il y a un côté déshumanisant à enchainer les concerts et les projets discographiques, il y a ce risque de se déconnecter de la réalité, de simplement devenir une machine qui produit des disques. Mais c'est aussi une façon de parler de mes émotions, que je contrôle mieux qu'il y a quelques années. Un peu comme si j'étais un robot qui parvenait à enclencher des mécanismes pour me protéger de certaines émotions difficiles à gérer.
© Jali |
- On le disait, vos textes sont très narratifs. Ça vous plairait d'écrire pour le cinéma ou les séries ?
- En vrai, j'aimerais bien jouer. Je pense que ça me plairait d'interpréter un personnage. Mais oui, écrire, ça pourrait être hyper intéressant également. Je suis un rêveur, de toute façon, j'ai perpétuellement plein de scénarios en tête. D'ailleurs, j'envisage mes projets comme des films, avec des morceaux-phares qui jouent le même rôle que toutes ces scènes iconiques que l'on peut voir dans des longs-métrages.
Isha sera en concert à l'Ancienne Belgique le 14 mars prochainInfos et réservations : www.abconcerts.be/agenda/ishaPublicité