Thomas de Bergeyck
14 February 2020
Je n'aime pas les coulisses, elles me font peur, me mettent mal à l'aise. Ainsi ces dernières semaines, nous avons tous été plongés, de Buckingham à Windsor en passant par Colmar-Berg, dans les coulisses peu amènes de ces personnages qui nous fascinent tant, ces acteurs d'une incessante comédie humaine que l'on appelle monarchie.
© Yui Mok/Empics Entertainment/Photo News |
Windsor, le Royal Lodge, où se terre depuis des semaines le membre le plus sympathique de la famille anglaise. Le duc d'York est devenu le pestiféré, celui dont personne ne fêtera les 60 ans, le 19 février, le gouvernement ayant demandé que l'on ne hisse aucun drapeau sur les bâtiments de la Couronne. Andrew qui, ce jour-là, n'aura pas droit à sa promotion militaire « sénior ». Car Andrew a eu de mauvaises fréquentations américaines. Pareil pour son neveu, le prince Harry. Le fuyard, le traître. L'altesse dévoyée aux sirènes de l'argent et du stupre.
© DR/Shutterstock.com |
Au Luxembourg, le rapport Waringo sur le fonctionnement de la monarchie a mis au jour les dépenses somptuaires de la Cour des Orange-Nassau. L'épouse du Souverain y est dépeinte comme une DRH de choc. On y apprend qu'un membre du personnel sur deux a quitté les lieux, de gré ou de force, sur les cinq dernières années (on vous en parlait ici). Maria-Térésa est décriée jusque dans son rôle décisionnel, que la Constitution ne prévoit pas. Le rapport préconise qu'elle soit effacée de l'organigramme, le chef de l'Etat étant, d'abord, son époux.
© Didier Lebrun & Christophe Licoppe/Photo News |
La lecture de ce texte de 43 pages m'a laissé un profond sentiment de gêne. Non que ce qui y figure est faux, mais parce que l'on s'y retrouve plongé dans ces coulisses que j'abhorre tant. Finalement – et cela n'est sans doute pas une preuve de courage -, n'est-on pas mieux, vissé au fond du fauteuil d'orchestre, spectateur de ces vies dévouées au destin d'un pays ? Le confort de l'auditeur n'est-il pas suprême lorsqu'il est plongé dans le « noir salle », simple témoin, impuissant ? On aimerait, parfois, être épargné par ces chuchotements venus des coulisses alors que le spectacle, lui, ne demande qu'à nous réenchanter.
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