François Didisheim
04 October 2023
Tout commence dans la seconde moitié du XIXe siècle quand le duc Philippe de Wurtemberg, issu d’une branche cadette de l’illustre lignée, épouse l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, du rameau des ducs de Teschen. Pour la petite histoire, l’intéressé est un petit-fils d’Antoinette de Saxe-Cobourg-Saafeld, une sœur aînée de notre roi Léopold Ier tandis que sa mère, Marie d’Orléans, une fille de Louis-Philippe, n’est autre qu’une sœur de Louise, première reine des Belges. Á l’époque, le royaume de Wurtemberg n’est pas bien vieux avec ses 60 ans d’existence. Quand il adhère à l’empire allemand en 1870, il parvient à conserver une certaine indépendance. Le dernier roi Guillaume II devra pourtant abdiquer en 1921 et les droits au trône se transmettent au duc Albrecht, précisément un fils de Philippe et de Marie-Thérèse.
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Quand ces derniers se marient en 1865, les cadeaux n’en finissent pas d’enrichir une corbeille déjà impressionnante. Certains joyaux qui ont survécu comme par miracle constituent aujourd’hui le clou de cette incroyable vacation, à commencer par un spectaculaire devant de corsage de style naturaliste aux fleurs constellées de perles, une rareté digne d’un musée. Curieusement présenté en collier, il faut imaginer le bijou soulignant avec élégance le décolleté d’une épaule à l’autre. Intact, son écrin d’origine est signé Emil Biederman, l’un des deux joailliers principaux de la Cour de Vienne. Un nœud en diamants ou encore un ensemble de perles du plus bel orient complètent cet héritage.
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Le couple aura quatre enfants : Albrecht, Isabelle, Robert et Ulrich. Le premier convole avec l’archiduchesse Marguerite Sophie d’Autriche en 1893. L’empereur François-Joseph offre à cette occasion un collier en diamants et rubis transformable en diadème tandis que l’archiduc François-Salvator d’Autriche-Toscane, beau-fils du précédent, choisit une chute de corsage dont les fleurs au cœur de rubis dévalent d’un important nœud en diamants. Les deux bijoux sortent des ateliers de Koechert, l’autre joaillier majeur des Habsbourg, et scintillent de mille feux dans la vente qui nous occupe.
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La deuxième de la fratrie, Isabelle, s’unit au prince Jean-Georges de Saxe l’année suivante et reçoit un diadème ponctué de nœuds en diamants et rubis. Le bijou figure lui aussi parmi les lots proposés. Le troisième, Robert, épouse en 1900 l’archiduchesse Marie-Immaculata d’Autriche-Toscane. Une fois encore, les présents s’accumulent d’autant que la mariée reçoit déjà l’héritage de sa mère décédée en 1899. Parmi les nombreux bijoux, on citera un magnifique diadème de perles et brillants signé Koechert, un somptueux collier de cinq rangs de perles fines, deux rivières de chatons, un collier de chien ou encore une broche sertie d’énormes perles du joaillier viennois Hübner.
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Le duc Albrecht aura cinq enfants dont l’aîné Philippe perpétuera la branche aînée. Le second fils, Albrecht, va quant à lui fonder la branche cadette en épousant la princesse Nadejda de Bulgarie, fille du tsar Ferdinand Ier. Cinq enfants verront le jour : les ducs Ferdinand et Eugène, décédés respectivement en 2020 et 2022, le duc Alexandre, la duchesse Marguerite, disparue en 2017, et la duchesse Sophie. Tous ont profité de différents legs comme ceux de leurs grands-tantes Isabelle et Maria-Immaculata mais aussi de leur tante la princesse Eudoxie de Bulgarie. La parenté bulgare explique que nombre de lots aient appartenus au tsar Ferdinand Ier, grand amateur de pierres précieuses et de décorations, et à sa mère la princesse Clémentine d’Orléans, comme un léger bandeau de brillants. Certains n’ont pas été versés à la vente car il semble que les bijoux proposés ne forment qu’une partie de cette collection pour le moins incroyable qui fera date dans le monde des enchères !
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