Magali Eylenbosch
17 April 2023
L’Éventail – Déjà quatorze expéditions en Antarctique ! Il y a toujours un but scientifique derrière toutes vos expéditions…
Alain Hubert – Oui, mais c’est venu petit à petit. Je suis un sportif de haut niveau, guide de haute montagne. J’avais le rêve d’aller au pôle Nord qui n’avait jamais été atteint. Puis j’ai voulu voir ce qui se passait au pôle Sud. Pour résumer, moi, l’ingénieur de formation, c’est comme cela que j’ai découvert à quoi servaient la glaciologie et les grands forages en Antarctique. Cette expédition a changé le cours de toutes les expéditions qui ont lieu aujourd’hui.
© Station Polaire Princesse Elisabeth
– Ça vous a aussi changé ?
– Évidemment ! Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de limite, on pouvait faire ce qu’on voulait. On ignorait qu’un jour nos actes auraient un impact sur l’environnement. On parle aujourd’hui d’anthropocène. L’expédition a été un succès et je suis devenu un personnage public malgré moi. J’ai eu le privilège extraordinaire de vivre une partie de mes rêves. Être une personne publique implique des devoirs. Moi, j’ai celui de partager des connaissances qui participent à faire avancer la société.
– Ensuite, il y a eu la Fondation polaire, la station antarctique Princesse Élisabeth…
– J’ai créé la fondation il y a vingt-deux ans, avec mon épouse, pour expliquer à quoi sert la science comme facteur d’action. La Fondation polaire s’occupe de la gestion de la station Princesse Élisabeth, seule station au monde zéro émission. En hiver, pas besoin d’être sur place. Tout est géré par satellite. L’Antarctique fait partie de l’ADN scientifique belge. Nous allons ouvrir une université en 2030. Nous avons pris le contrôle d’un aéroport afin que la Belgique ait un accès direct à sa propre station. Nous allons construire une nouvelle station à 60 kilomètres de la nôtre. Les projets sont nombreux. Entre deux expéditions, je passe ma vie à lever des fonds.
– En 2023, cela signifie-t-il encore quelque chose d’être explorateur polaire ?
– Bien sûr ! Aujourd’hui plus que jamais, il faut que toutes les générations se mobilisent et aillent un peu partout où l’on est déjà allé. En particulier aux confins de la planète, pour voir les changements qui s’opèrent plus vite que jamais. Il n’y a rien à faire, la science, ce n’est pas que des modélisations mathématiques. Les satellites ne vous apprennent pas tout, il faut aussi l’observation, être sur le terrain. Devenir explorateur aujourd’hui, pour les jeunes, ça a toujours un sens. Il faut les faire rêver afin de construire le monde de demain
Conférence
Alain Hubert : Changements climatiques et Antarctique
Date & heure
Mardi 23 juin 2023, de 19 à 21h
La conférence sera suivi d’un cocktail.
Adresse
TheMerode
Place Poelaert, 6
1000 Bruxelles
Inscriptions
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