Rédaction
29 May 2017
Dès 19h15, Monica Bellucci est revenue sur la scène du Théâtre Lumière. Digne, émue par le rôle qu'elle doit jouer, l'Italienne a répété son amour pour le cinéma « avec lequel on peut même s'aimer ». Du glamour, de l'émotion et, enfin, une ...bonne petite dose d'imprévu au bout du Festival. Contre toute attente, la Palme d'Or a été remise à Ruben Östland par Pedro Almodovar et Juliette Binoche pour « The Square ». C'est la première Palme d'Or pour le réalisateur suédois qui avait reçu le Prix du Jury pour « Snow Therapy » dans la section « Un Certain Regard » en 2014. Ruben Östlund gravit une marche supplémentaire avec cette satire contemporaine dans laquelle il pose un regard grinçant sur nos lâchetés et interroge le soi-disant « vivre ensemble » de nos sociétés. Agréable surprise à Cannes donc, Östlund apporte à la Suède sa troisième Palme, après les deux récompenses glanées par Alf Sjöberg pour « Mademoielle Julie » en 1951 et par Bille August pour « Les meilleures intentions » en 1992.
Robin Campillo Grand Prix pour "120 battements par minute" © Piero Oliosi/Polaris/Photo News |
Pendant ce temps, le Français Robin Campillo obtient le Grand Prix pour « 120 battements par minute », pourtant le grand favori des festivaliers et des critiques. Campillo suit le parcours de plusieurs membres de l'association Act Up-Paris quand le Sida était souvent perçu par une partie de l'opinion comme une maladie honteuse. « Mon film est un hommage à ceux qui sont morts mais aussi à ceux qui ont survécu auxquels je pense beaucoup ce soir » a déclaré lors de son discours le cinéaste français, sans doute un peu déçu. Cette réalisation militante le confirme un peu plus comme une valeur sûre du cinéma d'auteur français.
Andrey Zvyagintsev, Prix Du Jury " Loveless" © Piero Oliosi/Polaris/Photo News |
Le Prix du Jury a été remis par Guillaume Gallienne et Maren Ade à Andrey Zvyagintsev pour « Loveless ». Les films de Zvyagintsev mêlent toujours l'intime et le politique. Une nouvelle fois, au centre de son récit, une cellule familiale en crise permet d'explorer les contradictions et la violence de la société russe d'aujourd'hui. Le cinéaste russe avait notamment obtenu le Grand Prix pour « Leviathan » en 2014. « Loveless » est coproduit par la société belge « Les Films du Fleuve » des frères Dardenne.
Diane Kruger, Prix d'interprétation féminine avec le réalisateur Fatih Akin © Piero Oliosi/Polaris/Photo News |
Le Prix d'interprétation féminine a été remis par Irène Jacob et Paolo Sorrentini à Diane Kruger pour « Aus dem nichts » (« In the fade ») de Fatih Akin, un thriller politique et social situé dans la communauté turque de Hambourg, la ville de naissance d'Akin. Le film offre à Diane Kruger son tout premier rôle dans sa langue natale: l'allemand. Un duo chic et choc qui lui donne une belle consécration.
Joaquin Phoenix, Prix d'interprétation masculine dans le film de "You were never really there" de la Britannique Lynne Ramsay © Mehdi Chebil/Polaris/Photo News |
Le Prix d'interprétation masculine a été remis à Joaquin Phoenix par Jessica Chastin pour « You were never really there » réalisé par la Britannique Lynne Ramsay. « Je ne m'y attendais pas. Mes chaussures ne sont pas de circonstance, j'ai renvoyé mes souliers vernis » a déclaré l'acteur américain, très ému dans ses baskets en toile bleue.
Ne s'attendait-elle pas à être primée ? Absente hier soir, Sofia Coppola s'est vu décerner le Prix de la mise en scène pour « Les Proies », un huit clos vengeur qui réunit Nicole Kidman et Colin Farell.
Le Prix du scénario a été remis à deux lauréats: les Grecs Yorgos Lanthimos et Efthimis Filippou pour « The Killing of the Sacred Deer » et la Britannique Lynne Ramsay pour « You were never really there ».
Le Prix spécial du 70ème anniversaire a été attribué Nicole Kidman, déjà repartie à Nashville auprès de sa famille. Le remettant Will Smith, très en forme, s'est piqué un « merci beaucoup madame et monsieur » façon Nicole Kidman qui a provoqué un fou-rire dans la salle. L'acteur a même joué le lauréat devant les photographes. La bonne humeur a fait du bien.
Le prix du Jury œcuménique a été remis au film "Hikari" ("Vers la lumière") de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase © Piero Oliosi/Polaris/Photo News |
C'est peu de dire que ce palmarès du 70ème Festival de Cannes va à rebours de ce que les festivaliers ont pu défendre pendant cette quinzaine - si l'on excepte les distinctions pour « 120 battements par minute » et « The Square ». Le Festival réussit mieux que d'autres manifestations équivalentes à donner le sentiment que le cinéma mondial « éditorialise » l'époque où les films se font. La vengeance et la maltraitance de l'enfance ont été les thèmes forts de cette édition anniversaire. Les enfants crèvent les écrans, brutalement confrontés à la brutalité du monde que leur lèguent leurs parents... On se souviendra longtemps de Barry Keoghan dans « Killing of a Sacred Deer », d'Andris Keishs dans « Loveless » ou encore de la Belge Fantine Harduin dans « Happy End » de Michael Haneke, reparti bredouille cette année.
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