Rédaction
10 June 2015
Eventail.be - Vous êtes le seul comédien professionnel dans le film. Cela vous a t-il déstabilisé ?
Vincent Lindon - Nous étions tous logés à la même enseigne. C'était passionnant d'incarner au plus près la situation comme si on la vivait pour de vrai. Stéphane Brizé a écrit un scénario qui nous permet d'être le personnage sans qu'il doive nous dire comment il doit être. Chacun fait sa propre mise en scène sur base d'une histoire très écrite. Le fait de pouvoir faire autrement, en dehors des normes académiques, donne une liberté énorme. On prend le temps de la vie.
- Comment vous êtes-vous emparé du personnage de Thierry ?
- Dès les cinq premières pages, j'ai été très séduit par le scénario de Stéphane. Les vingt pages suivantes m'ont littéralement bouleversé. Pendant le tournage, tous les soirs, Stéphane Brizé m'écrivait à la main une feuille de route pour la scène du lendemain. Des choses simples de la vie de Thierry, ce qui m'a permis d'être au plus près de lui. Il se produit quelque chose d'organique, de minéral, un état de choc qui permet de m'immerger complètement dans un moment. On est au paroxysme de soi-même. J'essaie de me rapprocher du fantasme que je me fais du personnage, si j'étais lui. Comment moi je serais si j'étais lui. On trouve un point de rencontre entre le personnage et moi et on marche ensemble. Le film m'a marqué à vie. J'ai adoré être Thierry. Je n'en mesure pas encore tout de suite les bienfaits, cela va se mesurer sur la longueur. Je suis encore empli de Thierry. Je n'ai pas encore pris de temps pour moi, Vincent. Je vais sans doute avoir un baby blues, devoir affronter l'ennui, le vide...
- Vous venez de tourner avec Joachim Lafosse*. La première fois que vous tournez avec un cinéaste belge ?
- Oui, effectivement. Je dois un peu réfléchir car les Belges sont partout sans qu'on le sache. En tout cas, j'ai été très heureux de tourner avec Joachim et une équipe majoritairement belge dont la première assistante des frères Dardenne. Dans votre pays, on ne ressent aucun a priori. C'est formidable. Les Belges sont très rock, très modernes. Il n'y a pas beaucoup de snobisme chez vous.
Votre prochain rôle ?
Je n'en ai pas la moindre idée. Parmi les 4 ou 5 scénarii que j'ai sous la main, il y en aura bien un qui va me prendre. En tout cas, je vais faire tout pareil. Une histoire qui me plaît avec un personnage où j'ai envie d'être lui.
Corinne le Brun
La loi du marché de Stéphane Brizé. Avec Vincent Lindon, Karine de Marecq, Yves Ory. En salle dès ce mercredi 10 juin.
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