Gwennaëlle Gribaumont
31 March 2024
Sacralisé par l’aura de l’art, le tissu peut prendre des allures ô combien variées… Pour preuve, la Biennale de Verviers et ses propositions textiles qui séduisent par leur liberté, leur extravagance. Comptant dès le XVIIe siècle parmi les plus grands centres lainiers du monde, Verviers s’imposera après la Première Guerre mondiale comme la capitale mondiale du textile. Fort de cet héritage, et à l’initiative de deux institutions locales (le Centre de la Laine et de la Mode et Lieux-Communs), une biennale et un prix international dédiés à la discipline ont été créés à Verviers. À l’image de la céramique, l’art textile – jadis observé comme une pratique utilitaire, donc secondaire – connaît aujourd’hui un essor éclatant. Cette forme d’expression nous relie à des savoir-faire séculaires mais aussi à une matière d’une simplicité familière. C’est donc avec un enthousiasme contagieux que des artistes en explorent les infinies possibilités plastiques, l’introduisant assez naturellement dans de nouveaux segments transdisciplinaires qui relèvent de l’art contemporain. Suscitant un vif intérêt, la Biennale a retenu treize artistes : Charlotte Bricault, Laurence Demaret, Aurélien Finance, Lauren Januhowski, Laure Forêt, Malaika Khan, Kathy Le Vavasseur, Abbey Muza, Rustha-Luna Pozzi-Escot, Roxy Russell, Araks Sahakyan, Shmat&nyu et Katia Terpigoreva. Premier constat : la passion du textile ne connaît pas de frontières. Ensemble, ces artistes offrent un aperçu international de la diversité des pratiques, avec notamment des techniques et des thématiques inédites.
Signées par l’artiste Shmat&nyu, les Shmat sont des poupées à la fois solitaires et en quête d’une humanité partagée. “Elles sont nées de nos traces, de nos empreintes, de ce que nous déposons dans les vêtements que nous avons portés, explique l’artiste. De ces vêtements, elles font peau neuve, elles vont y puiser leur chair. Sculptures textiles, soft sculptures, sculptures molles, douces… Ce qui m’importe, c’est qu’elles parviennent à revêtir une présence aux yeux des visiteurs, qu’elles viennent habiter le lieu, se nourrir de son histoire et, peut-être, qu’elles nous regardent à leur tour.” Artiste voyageur, à la fois dans son imaginaire et dans le réel, Aurélien Finance présente La Dolce Flower, soit le résultat d’une réflexion sur la notion de récit en volume qui théâtralise un retour de deux voyages. Cette oeuvre ranime des souvenirs de Floride aux ambiances tropicales, ainsi qu’une forme baroque inspirée de ses séjours en Italie. Notre dernier coup de coeur ? Les textiles tissés en jacquard, faits de fils de soie teints à la main, d’Abbey Muza. Ici, un chat mord la queue d’un autre, évoquant irrésistiblement la figure de l’ouroboros (serpent ou dragon qui se mord la queue, NDLR).
Exposition
Étoffe(s)
Dates
Du 28/10/2023 au 21/04/2024
Adresse
Rue de la Chapelle 30
4800 Verviers
Site
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