Maxime Delcourt
31 May 2023
Eventail.be – Ciao Kennedy est souvent présenté comme une bande d’amis vivant en colocation et faisant de la musique depuis leur sous-sol. Ce groupe, c’est un rêve d’enfant ?
Gaspard de Bellefroid (bassiste) – Oui, clairement ! Samuel (du Fontbaré), Simon (Boonen), Léopold (de San) et Louis (Gaillard) ne sont pas simplement mes potes d’enfance, ce sont aussi les personnes que je vois le plus, certainement plus régulièrement encore que ma famille ou ma copine (rires). Cela dit, après deux ans à partager la même colocation, on ne vit plus ensemble désormais. On avait usé ce concept-là, on ressentait le besoin d’avoir nos maisons respectives, de travailler de manière plus structurée, de ne plus être uniquement dans une euphorie adolescente.
© Joris Ngowembona
– Où en êtes-vous dans ce processus de professionnalisation de votre musique ?
– On n’a pas encore lâché nos métiers respectifs, mais on avance petit à petit, avec sérieux et détermination. Ce n’est pas tout le temps facile de continuer avec cette rigueur, il ne faut pas se morfondre dès que quelque chose ne se passe pas comme prévu, mais on sait bien que la musique est une histoire de persévérance. À partir du moment où la dynamique de travail est là, le reste suivra. Là, on commence à travailler avec des professionnels pour nos prochaines dates, c’est bon signe.
– À vos débuts, Ciao Kennedy était plutôt ancré dans une esthétique pop, avec des textes chantés en français. Qu’est-ce qui a provoqué ce virage vers le post-rock ?
– Il faut savoir que l’on a commencé la musique assez tard, que l’on a appris sur le tas et que nos premiers morceaux n’étaient finalement rien d’autre qu’un énorme mélange des références que l’on avait en tête durant cette période : Mac DeMarco, Katerine, toute une scène indie-pop, etc. Or, petit à petit, on s’est pris de plein fouet une nouvelle scène d’instrumentistes essentiellement formés au jazz et venus de Belgique ou d’Angleterre. C’était donc naturel pour nous d’aller vers ce type de sonorités, ne serait-ce que pour développer des mélodies suffisamment ouvertes afin d’accueillir les multiples influences de chacun (électro, jazz ou post-rock).
© Joris Ngowembona
– Le fait d’abandonner les textes était donc une nécessité, un moyen d’accorder davantage de place à la mélodie ?
– Oui, très clairement ! Et puis, il faut le dire : les textes ne nous ressemblaient pas trop. Personne n’est vraiment chanteur au sein de Ciao Kennedy… Très naturellement, on a donc préféré se focaliser sur nos instruments. Par rapport à nos qualités, mais aussi par rapport au dynamisme d’une scène belge qui nous a indéniablement motivé à opter pour cette réorientation stylistique. Je pense notamment à STUFF., les parents de tout le monde, à ECHT!, à Bombataz, ou encore à nos amis de Tukan, une formation dont notre manager Nathan est le bassiste.
– Ce qui vous démarque, ce sont aussi vos clips, caractérisés par leur côté DIY, leurs références à la pop culture et leurs éléments visuels puisés sur le web…
– Il y a notamment notre dernier clip, J.Z.K.R., réalisé par Benny & Harpo Guit, deux frères réalisateurs qui font des trucs de dingue. C’est volontairement décalé, mais c’est profondément triste, presque traumatisant. Sur le tournage, certains figurants ont même versé une petite larme lors des premières répétitions… Reste que, oui, ce côté décalé nous symbolise bien. Après tout, comme n’importe quelle bande de potes, on aime bien se marrer quand on est ensemble.
© DR
– En novembre dernier, vous avez publié votre troisième EP, the problem is. Quelle est la prochaine étape ?
– Pour le moment, on compose énormément, on a même déjà de nouveaux morceaux que l’on s’apprête à tester en live. L’idée, ce serait de proposer un projet plus long qu’un EP, de donner au public des morceaux plus concis et plus précis, avec des arrangements bien pensés, cohérents. C’est un exercice hyper dur à faire, mais ça nous amuse. Au fond, on sait bien que le succès est difficile à atteindre avec le genre de musique que l’on propose, mais ce n’est pas grave : on est persuadé qu’il y a de belles choses à explorer dans des courants musicaux plus nichés.
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