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1984 : George Orwell au Théâtre Royal du Parc

Rédaction

19 March 2019

© Théâtre Royal du Parc

C'est Thierry Debroux, le directeur du Parc, qui a imaginé l'adaptation condensée pour la scène de l'œuvre éponyme de l'écrivain britannique George Orwell (1903-1950). Une tâche peu aisée au regard de la personnalité de l'auteur et de la complexité de son œuvre.

C'est en 1949, quelques mois avant sa mort prématurée, que George Orwell publie 1984, indéniablement son œuvre la plus connue (avec La Ferme des animaux), celle qui a popularisé le concept de Big Brother. Présenté comme une référence du roman de science-fiction, 1984 constitue la description métaphorique d'une dystopie : après une guerre nucléaire, des régimes totalitaires oligarchiques dirigent un monde divisé en trois blocs qui se livrent une guerre perpétuelle (« La guerre c'est la paix. »). La société y est scindée en castes cloisonnées où toute liberté individuelle a été anéantie (« La liberté, c'est l'esclavage. »).

© Théâtre Royal du Parc 

La très habile version scénique de Thierry Debroux se focalise sur l'histoire de Winston Smith (Fabien Finkels). Employé au ministère de la Vérité, il a pour tâche de supprimer toutes les références historiques susceptibles de comparer le présent au passé (« L'ignorance, c'est la force. »). Tout est soumis à la censure, le contenu d'anciens journaux est modifié et les mots qui pourraient être considérés comme subversifs sont abolis. Pour effacer la mémoire collective et supprimer toute forme d'individualisme, les œuvres des certains auteurs (dont Shakespeare) sont détruites ou réécrites. Un univers terrorisant où la délation devient une vertu civique, où les enfants sont encouragés à dénoncer leurs parents, où la pensée est confisquée, où toute vie privée est réduite à néant dans un climat de peur et d'insécurité et où les déviants sont supprimés (vaporisés). Malgré sa position confortable dans une classe sociale intermédiaire, Winston Smith se sent pris au piège et est assailli par des doutes qu'il prend bien soin de cacher.

© Théâtre Royal du Parc

Il entame une relation amoureuse (transgression punie de mort) avec Julia (Muriel Legrand) qui partage sa contestation. Ils seront arrêtés et torturés. Malgré leurs serments, ces deux êtres se trahiront mutuellement et seront récupérés par le système. Big Brother a gagné. Faire peur en prévenant du danger était sans doute le principal objectif d'Orwell. C'est ce même but qu'atteignent assurément l'adaptation de Debroux et la mise en scène de Patrice Mincke.

© Théâtre Royal du Parc 

Le spectacle du Parc concourt à relever les correspondances effrayantes qui existent entre notre époque et la représentation « orwellienne » du monde. Les monstruosités dans l'œuvre du romancier anglais n'étaient rendues possibles que par une évolution technologique d'utopie à l'époque : caméras de surveillance omniprésentes, écrans de télévision impossibles à éteindre, robots androïdes qui diffusent une propagande incessante, activités contrôlées (les deux minutes quotidiennes de haine) et divertissements abrutissants... Aujourd'hui, nous ne vivons évidemment pas dans l'univers totalitaire de 1984, mais plusieurs aspects de la fiction qu'Orwell avait imaginée sont devenus réalités quotidiennes (intelligence artificielle, systèmes de reconnaissance, désinformation, vidéo-surveillance...etc.) ; seulement une vingtaine d'années plus tard qu'il ne l'avait prévu.

© Théâtre Royal du Parc 

Viennent encore renforcer cette atmosphère de peur et d'écrasement les lumières glauques, les costumes et le décor impressionnant créé par Ronald Beurms : un empilement mouvant de lourds containers grisâtres dont les portes s'ouvrent pour laisser voir les scènes qui s'y jouent. S'ajoutent à cela quelques chansons (avec certaines réminiscences de Kurt Weill et de Michel Legrand) et même des parties dansées (étonnante finale du 1e acte, très jazzy). Une troupe de comédiens jeunes, manifestement inspirés et Guy Pion très convaincant dans chacune des facettes regroupées par l'adaptateur dans un même personnage. L'acteur incarne à la fois les pensées « coupables » de Winston, son complice d'abord et dénonciateur ensuite, un haut placé du parti, un tortionnaire et l'animateur d'un spectacle de propagande censé être la pièce même à laquelle le spectateur assiste.

© Théâtre Royal du Parc 

Une excellente coproduction du Théâtre du Parc, du Théâtre de l'Éveil et de la Coop asbl, véritable objet culturel de santé politique par les temps qui courent.

1984
De George Orwell
Mis en scène par Thierry Debroux
 
Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi 3
1000 Bruxelles
Jusqu'au 6 avril
www.theatreduparc.be

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