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Villers-la-Ville, théâtre du procès de Jeanne d'Arc cet été

scèneThéâtreVillers-la-Ville

JC Darman

17 July 2024

Le 30 mai 1431, quand Jeanne est conduite au bûcher sur la place du Vieux-Marché de Rouen pour y être brûlée vive, elle porte une mitre sur laquelle sont écrits les motifs de son exécution : hérétique, schismatique, apostate et idolâtre. Elle a 19 ans.

Pour leur 38e édition, les coproducteurs Patrick de Longrée et Rinus Vanelslander n’ont pas craint de s’attaquer à un des évènements les plus constitutifs de l’histoire de France. En tout cas, à un procès qui en influencera le cours et qui entraînera des retombées et des récupérations (notamment idéologiques et politiques) encore aujourd’hui d’une étonnante actualité. Si la procédure à l’encontre de la Pucelle fut bien intentée par une cour d’inquisition, c’est-à-dire un tribunal ecclésiastique, il s’agissait avant tout d’un procès politique truqué enjoint par le roi d’Angleterre Henry VI et son allié, le duc de Bourgogne Philippe le Bon, avec la complicité de certains conseillers intrigants du roi de France Charles VII et les clercs de l’Université de Paris.

© Aude Vanlathem

L’histoire de Jeanne qui bouta les Anglais hors de France a suscité une pléthore inouïe d’ouvrages en tous genres. En l’occurrence, ce sont les minutes originales de ce très long procès, ainsi que l’acte VI de Sainte Jeanne, pièce écrite par George Bernard Shaw en 1924, qui constituent les principales sources d’inspiration du spectacle. Pour la première fois dans l’histoire des productions théâtrales de Villers, la mise en scène a été confiée à une femme : Hélène Theunissen. Et c’est une très belle réussite. Par exemple, elle est parvenue à éluder l’inévitable statisme de la situation et à étayer l’intérêt du public pour un sujet qui aurait pu s’avérer pour le moins rébarbatif.

© Aude Vanlathem

Le rôle de « Jeanne, la bonne Lorraine qu’Anglais brûlèrent à Rouen » est tenu par Laura Fautré. Pour cette comédienne, la tâche était périlleuse tant les facettes de son personnage sont complexes. Cette très jeune femme qui entend des voix célestes est illettrée. Pourtant elle tient tête à d’éminents docteurs en théologie. Elle provient d’un milieu modeste. Pourtant elle côtoie les puissants de son temps. Elle est fragile et réagit parfois en petite fille apeurée. Pourtant c’est une guerrière victorieuse, un chef militaire et politique qui commande des armées d’hommes. Laura Fautré se montre pleinement convaincante dans ces différents aspects, avec peut-être mention spéciale pour les scènes de pure émotion.

© Aude Vanlathem

Le rôle de l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ordonnateur du procès stipendié par les Anglais, est joué avec beaucoup de talent et d’intelligence par Bruno Georis. Il parvient à prêter de l’humanité à ce personnage pourtant fort décrié par l’histoire. Les deux rôles principaux sont entourés par une dizaine de comédiens, aux talents inégaux, dont plusieurs sont des habitués des spectacles de Villers-la-Ville : Denis Carpentier (Inquisiteur), Didier Colfs (Professeur à l’Université de Paris), Cédric Cerbara (Procureur), Simon Lombard (Duc de Bedford), Marc De Roy (Comte de Warwick), Maxime Anselin (Chapelain), Jonas Jans (Frère Martin), Olivier Francart (Chanoine), Romain Mathelart (Bourreau) et Arnaud Sicot (Soldat).

© Aude Vanlathem

La scénographie est à nouveau assurée par Patrick de Longrée qui connaît les lieux mieux que quiconque. Les majestueuses ruines de l’abbaye cistercienne constituent assurément le décor le plus approprié pour une pièce où le pouvoir sacral et temporel de l’Église tient une telle place. Les éclairages aux flambeaux élaborés par Christian Sténuit sont impressionnants, particulièrement en deuxième partie quand la nef de l’église se retrouve empourprée par l’embrasement du bûcher. La résonance des trompettes et le tintement des cloches arrangés par Laurent Beumier forment un décor sonore émotionnant. La chanson de Clara Luciani qui clôture le spectacle paraît cependant une peu incongrue dans le contexte. Un spectacle très riche mais dont l’abord n’est sans doute pas des plus aisés. Au point que les annonces et le programme contiennent de longues notices historiques explicatives pour aider le public à mieux appréhender les évènements qui se déroulent dans cette période éminemment complexe de l’histoire de France.

À voir jusqu’au 10 août.

Photo de couverture : © Aude Vanlathem

The Brewer : quand Edward Martin rend hommage à la tradition familiale

Gastronomie & Oenologie

À la ferme de Mont-Saint-Jean, où l’on brasse déjà la bière Waterloo, la famille de brasseurs d’origine anglaise Martin a installé depuis peu une microdistillerie qui produit des gins et des whiskies qui, au fil des années, commencent à se faire une jolie réputation dans l’univers restreint des spiritueux belges. Parmi les whiskies maison, le single malt The Brewer, rend hommage à l’histoire familiale. Rencontre avec Edward Martin, à l’origine de la branche “distillerie” du groupe brassicole d’Anthony Martin.

Informations supplémentaires

Pièce

Le procès de Jeanne d’Arc

Adresse

Abbaye de Villers-la-Ville
Rue de l’Abbaye, 55
1495 Villers-la-Ville

Dates

Jusqu’au 10 août

Billetterie

Sur internet

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