Christophe Vachaudez
15 September 2023
© Thron Ullberg Kungl Hovstaterna
Mais au fond, que sait-on de Carl Gustaf Folke Hubertus Bernadotte, né le 30 avril 1946 au palais de Haga, dans la banlieue de Stockholm ? À l’époque, on accueille sa venue au monde comme un soulagement, puisque le couple héritier, le prince Gustaf Adolf et son épouse la princesse Sybilla de Saxe-Cobourg-Gotha, a déjà quatre filles : les princesses Margaretha, Birgitta, Désirée et Christina. Avec ses boucles blondes, ses grands yeux bleus et son air mutin, le petit Prince devient vite la coqueluche des magazines. Mais le drame guette, car il n’a pas un an quand son père meurt dans l’explosion de son avion, au-dessus de Copenhague. Le roi Gustaf V règne encore sur la Suède. Il meurt en 1950 et son fils Gustaf Adolf lui succède, ce qui fait du jeune Carl Gustaf un prince héritier âgé seulement de quatre ans ! Dès lors, son grand-père jouera un rôle prépondérant dans son éducation, alors que ses sœurs et sa mère forment un noyau protecteur très uni. Ses parrains et marraines, Christian et Ingrid de Danemark, Olav de Norvège ou encore Juliana des Pays-Bas, se montrent aussi très présents.
© Keystone/Gamma/Photo News
Souffrant de dyslexie, Carl-Gustav éprouve quelques difficultés scolaires, d’autant qu’il n’apprend la mort de son père qu’à l’âge de sept ans. Période d’interrogation qui ne l’empêche pas de se lier avec des jeunes garçons de son âge lors de ses nombreux camps scouts, un mouvement que Mowgli (son totem) parraine toujours aujourd’hui avec enthousiasme. Après un apprentissage privé, il peut suivre un cursus dans des écoles publiques. Il intègre ensuite l’armée de terre, avant de poursuivre une formation dans l’armée de l’air et dans la marine qui l’emmène autour du monde durant des mois, entre 1966 et 1967. L’université d’Uppsala l’accueille ensuite, puis celle de Stockholm, en prélude à des stages au sein des institutions du pays, d’une banque de Londres et de la Chambre de commerce suédoise de Paris.
© Pressens Bild/Gamma/Photo News
En 1972, le Prince perd sa mère et c’est donc orphelin qu’il accède au trône le 15 septembre 1973 à l’âge de vingt-sept ans, devenant le plus jeune monarque d’Europe. L’année suivante, dans un souci de modernisation, le gouvernement retire à Carl Gustaf son titre de chef des armées et la prérogative toute relative de désigner les nouveaux Premiers ministres. Réservé et timide en public, le nouveau Souverain est pourtant un joyeux drille en privé. Il avoue une passion pour la vitesse et s’essaie à conduire des bolides en compagnie du prince Leopold de Bavière, un ami de toujours, un virus qu’il a d’ailleurs inoculé à son fils. Mais pour l’heure, l’avenir de la monarchie semble compté et les observateurs rêvent d’un prochain mariage. En coulisses, pourtant, tout se prépare patiemment !
© Bruno Ehrs / The Royal Court, Sweden / Kungahuset.se
En 1972, Carl Gustaf a rencontré la compagne idéale qui est interprète et officie alors à l’accueil des personnalités aux Jeux olympiques de Munich. Elle n’est pas noble, certes, mais l’histoire d’amour qui devient évidente se poursuit dans le plus grand secret. Silvia Sommerlath, piquante brunette germano-brésilienne, gagne la Suède incognito, portant une perruque blonde, et se cache chez la princesse Christina, sœur du roi. Elle s’initie au suédois et se prépare à son métier de reine. Conclusion heureuse, le mariage se déroule enfin à la cathédrale de Stockholm le 19 juin 1976. Pour Beaucoup, Silvia a sauvé la monarchie. Et de fait, on ne peut rien reprocher à cette femme qui s’est merveilleusement adaptée à son rôle, a dépoussiéré l’institution et s’est parfaitement intégrée à la société suédoise. La “Dancing Queen” du groupe ABBA supporte même en silence les infidélités d’un époux volage, grand adepte des clubs de strip-tease.
© Tron Ullberg Royal Court of Sweden
Le couple s’installe au palais de Drottningholm, non loin de Stockholm, et se réfugie, l’été, à la villa Solliden, sur l’île d’Öland. Très vite, trois enfants viennent assurer l’avenir de la dynastie des Bernadotte. En 1980, Carl Gustaf doit accepter contre son gré la loi de primogéniture absolue qui fait de Victoria, l’aînée, la princesse héritière, au détriment de son frère, Carl Philip, duc de Värmland, né quelques mois plus tôt. En 1982, la princesse Madeleine, duchesse de Hälsingland et Gästrikland, vient compléter une fratrie unie qui a donné au roi huit petits-enfants : Estelle, duchesse d’Östergötland, Oscar, duc de Scanie, Erik, duc de Sudermanie, Gabriel, duc de Dalarna, Julian, duc de Halland, Lilian, duchesse de Gotland, Nicolas, duc de Angermanland et Adrienne, duchesse de Blekinge.
© Jonas Ekstromer
Durant son temps libre, le Roi participe volontiers avec la reine à des rallyes d’ancêtres, quand il ne file pas en France, séjournant dans la villa de Sainte-Maxime qu’il a héritée de son oncle le prince Bertil. De nos jours, certains verraient bien une abdication en faveur de la princesse Victoria, duchesse de Västergötland, mais le Roi n’y songe pas, fin prêt à battre le record du plus long règne pour un monarque suédois !
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