Christophe Vachaudez
08 January 2021
Si les commémorations autour du centenaire de la première guerre mondiale ont utilement rappelé qu'Albert et Élisabeth furent les fers de lance de la résistance face à l'ennemi, on aurait tort de réduire l'action de la reine à cette seule période. C'est pourtant à cette époque qu'elle entre de plein pied dans l'histoire en formant ce couple soudé et inébranlable confronté à son destin. Difficile d'imaginer qu'au départ, les deux familles ont œuvré de concert pour sceller ce mariage arrangé.
© Archives du Palais Royal de Bruxelles |
Élisabeth était duchesse en Bavière, nièce de François-Joseph, puissant empereur d'Autriche, et filleule de Sissi dont elle porte d'ailleurs le prénom. Albert, lui était prince de Belgique, duc de Saxe, et surtout roi en devenir puisqu'il devait succéder à son oncle le roi Léopold II. Les jeunes gens se marièrent avec le siècle et très vite, ils apprennent à s'apprécier à tel point que l'amour naît, mâtiné d'estime et de complicité. Le couple accède au trône en 1909, revivifiant l'image de la dynastie. Ils furent bientôt les parents de trois enfants, les princes Léopold et Charles et la princesse Marie-José, future reine d'Italie.
Le lundi 11 janvier à 21h05 sur @France3tv, @bernstephane vous emmène à la rencontre d’une reine pas comme les autres : Élisabeth de Belgique (1876-1965) !
— Secrets d'Histoire (@secretshistoire) January 5, 2021
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Élisabeth deviendra le soutien indéfectible de son époux dont la grande timidité demeure longtemps un handicap. Mais déjà se profilent les affres du premier grand conflit mondial. Allemande de naissance, la Reine vit un vrai déchirement mais jamais elle n'a hésité. Elle se dévoue corps et âme à son pays et jamais elle ne le trahira, quitte à renier pour un temps sa propre chair. Face aux horribles massacres, Élisabeth qui a décidé de rester aux côtés d'Albert sur un lambeau de Belgique, supervise la mise sur pied d'un hôpital qu'elle visitera sans relâche, au chevet des blessés, aidant si nécessaire. N'a-t-elle pas assisté son père qui opérait gracieusement les plus démunis dans sa clinique de l'œil à Munich ?
© Archives du Palais Royal de Bruxelles |
Les souverains résistent contre vents et marées aux ministres et aux alliés. Menue, la Reine est comme le roseau, elle plie mais résiste et ne casse jamais ! Elle fait office d'agent de liaison avec Londres et œuvre à préserver la population. La reconnaissance sera à la mesure de l'engagement, triomphale ! Á la libération, l'accueil qui leur est réservé dépasse l'entendement, tout d'abord en Belgique, à Gand ou à Bruxelles, puis à l'étranger, à Paris, New York ou encore Rio où l'on offre à la Reine sa propre avenue dans Copacabana !
Véritable héroïne, Élisabeth ne s'arrête pas en si bon chemin et met à profit son aura au service de domaines tels que la médecine, la musique ou l'archéologie. Elle sera à l'origine de la Fondation médicale Reine Élisabeth, établissement modèle dédié à la recherche de pointe qui demeure une référence aujourd'hui encore. Passionnée de voyages, celle qui voulut visiter l'Inde pour ses noces d'argent s'intéresse depuis longtemps à l'Égypte où elle sera d'ailleurs la première personnalité à découvrir le tombeau de Toutankhamon, juste après sa mise à jour. Elle parcourt le pays avec passion dans le sillage du Professeur Jean Capart qui obtient le patronage royal pour la création de la Fondation égyptologique Reine Élisabeth.
© Archives du Palais Royal de Bruxelles |
Elle sera aussi celle qui, en contournant les stériles méandres politiques, mènera à bien le projet de construction du palais des Beaux-Arts, à l'arrachée face à l'opposition gouvernementale. On ne lui en conte pas et personne ne l'empêchera ainsi, au grand dam de beaucoup, de rallier la Pologne, la Russie et la Chine, gagnant à la fin de sa vie le surnom de reine rouge. Elle le dit haut et fort, pour que les choses changent, il faut rencontrer les peuples et jeter des ponts ! Enfin, elle sera à l'origine du Concours international Reine Élisabeth, une compétition de référence qui depuis s'est forgée une réputation mondiale.
© Archives du Palais Royal de Bruxelles |
Á ses heures perdues, la Reine joue du violon, délicieusement mal, selon son professeur, peint honorablement et sculpte merveilleusement. Autrement, s'il lui reste du temps, elle correspond avec sa famille certes mais aussi avec Albert Einstein, Jean Cocteau, Colette ou Albert Schweitzer...excusez du peu ! Soucieuse de vivre avec son époque, elle a fait prévenir les ministères qui doivent l'aviser du passage sur le sol belge de toutes les personnalités en vue et Élisabeth rencontre le professeur Picart ou encore Amelia Earhart qui sera la première femme à traverser l'Atlantique en avion.
La reine pilote elle-même, décollant parfois de l'aéroport d'Evere. Loin d'être sédentaire, Élisabeth a toujours eu la bougeotte, pratiquant l'escalade, l'équitation, le yoga, la natation ou encore le ski, initiant Baudouin et Joséphine-Charlotte à la glisse dans le parc de Laeken. Car celle qui reçut la médaille du travail comme une récompense suprême s'est aussi imposée comme une grand-mère attentive auprès des enfants de son fils aîné Léopold III, orphelin de mère dés 1935. Á titre exceptionnel, le roi Albert viendra d'ailleurs témoigner lors de ce Secrets d'Histoire, véritable hommage à une figure d'exception du panthéon de notre pays, Sa Majesté la Reine Élisabeth !
Secrets d'HistoireElisabeth, reine des BelgesLundi 11 janvier, à 21h05France 3 www.france.tv/france-3/secrets-d-histoirePublicité