Art brut à Art Brussels

En 1968, il y a eu les barricades à Paris, le Printemps de Prague et le meurtre de Martin Luther King. À Bruxelles la même année, une poignée de galeries se sont mises à rêver d’une visibilité accrue pour l’art contemporain. Leur initiative a reçu le nom de “Foire d’Art actuel”. Un peu moins de trente ans plus tard la société Artexis a repris l’événement. Sous l’impulsion positive de cet organisateur professionnel, devenu entretemps Easyfairs, le projet a pris de l’ampleur pour devenir Art Brussels.

L’Éventail – Avec plus de 160 galeries exposantes, vous allez à nouveau captiver les visiteurs. Quel sont les sujets phares de cette édition ?
Nele Verhaeren – Notre nouvelle section ’68 Forward se réfère à l’année de création de la foire. Dès ses débuts, Art Brussels était une plateforme d’art avant-gardiste et notre section rend hommage à cette période pionnière. Au sein de quatorze galeries, ’68 Forward rassemble des créations de 1868 à 2000 offrant un mélange de noms établis et de talents redécouverts. La galerie EAST de Strasbourg expose des installations de sculptures monumentales signées Wolf Vostell, un artiste du mouvement Fluxus. La galerie Maurice Verbaet (de Knokke) présente des œuvres de Pol Mara, Mi van Landuyt et Paul Van Hoeydonck. La Polka Galerie (Paris), expose un trio d’artistes italiens des années 1970, des imprimés de Luigi Ghirri, des œuvres du coloriste Franco Fontana et du typographe Mario Giacomelli. Sur les 160 galeries, 39% sont de nouveaux exposants. Parmi eux, on peut citer la surprenante galerie new-yorkaise Van de Weghe qui présente un duo entre le peintre abstrait luxembourgeois Frederic Anderson et l’Américain Robert Mangold. À côté de ce dernier, la présentation monumentale de Frank Gerritz, un autre minimaliste de renom, sera une pièce maîtresse de la QG Gallery (Bruxelles & Knokke). En plus d’une impressionnante série de galeries de renom provenant de trente-cinq pays, ce ne sont pas moins de 800 artistes qui seront représentés. Nous exposerons également des projets artistiques tels que l’installation de Céline Condorelli dans l’entrée. Cette artiste est soutenue par la Galeria Vera Cortês de Lisbonne. Autre installation à signaler : Carton plein, le projet de Juan d’Oultremont et de la commissaire Zoë Gray (directrice des expositions à Bozar) pour KickCancerCollection. À côté de cela, Emmanuel Lambion sera le commissaire de la mise en avant des 70 ans du BAP (Belgian Art Price). Carine Fol sera, quant à elle, la commissaire de Monumental Art Works.

– Vous investissez dans le One artist-show. Pouvez-vous nous parler de ce concept baptisé Solo ?
– Solo permet à des galeries de focaliser l’attention sur le travail d’un seul artiste, soit par une installation, soit par une série d’œuvres. Nous favorisons ces présentations Solo car elles ont un impact durable pour l’artiste. En même temps, elles permettent au public de se faire une opinion plus profonde du travail de chacun d’entre eux. La cagnotte du Solo Price que nous octroyons passera de 10 000 à 15 000 euros. Ce prix est soutenu par notre partenaire TheMerode.

– Les choix sont toujours difficiles à faire, mais quelle est, selon vous, la “pépite” dans la catégorie Invited ?
– Il est difficile de se projeter, mais je peux vous dire que le travail de Melissa Gordon, exposée par la jeune galerie bruxelloise Beige, est intéressant. Cette artiste américano-britannique vit à Bruxelles. Elle travaille différentes techniques au sein desquelles la fenêtre joue un rôle prépondérant. L’histoire qu’elle raconte ne se déroule pas derrière la fenêtre, mais plus souvent en avant-plan. Samedi 26 avril, il y aura un talk avec Melissa Gordon sous le titre “The artist’s studio through the lens of feminist painting”.

Découvrez une sélection d’œuvres ici.

Photo de couverture : Art Brussels édition 2024 © David Plas