Christophe Vachaudez
02 June 2020
Il a étudié en Grande-Bretagne, notamment à la Sherborne School, dans le Dorset, et à la célèbre Académie royale militaire de Sandhurst dont il est sorti diplômé en 1998. Tamim a donc reçu une éducation occidentale très marquée qui lui permet de maîtriser l’Anglais et le Français à la perfection. On le dit très religieux mais en même pragmatique et consensuel.
Côté personnel, il n’a pas renoncé à la polygamie et a trois épouses et déjà treize enfants, soit six filles et sept fils. Sous le règne de son père, il occupera des postes clefs, comme celui de commandant en chef des armées. Il s’implique aussi très tôt dans la vie économique et sportive du Qatar, si bien que sa popularité surpasse celles de ses frères dont l’aîné renonce opportunément à ses droits en 2003. Il n’y a donc plus aucun obstacle quand son père décide d’abdiquer en sa faveur.
Le Sheikh et sa mère l'influente Sheikha Mozah © DR |
D’emblée, Tamim s’attache à une refonte de la politique intérieure, quelque peu négligée autrefois au profit du volet international. Il développe le système routier, fait construire un nouvel aéroport, simplifie l’organigramme administratif, et rajeunit son équipe. Une femme devient même ministre au sein de son gouvernement. Le sheikh continue à promouvoir le sport pour encourager les Qataris à se hisser sur les podiums et s’il a acheté le Paris-Saint-Germain, il obtient pour son pays l’organisation des championnats du monde de natation et de football en 2022. Il est d’ailleurs membre du Comité Olympique international.
Le Sheikh Tamim à Ascot © DR |
Partenaire économique de premier plan, le Qatar est courtisé par de nombreuses puissances en mal d’investissements, ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’éthique. En effet, Doha n’a jamais caché soutenir les Frères musulmans qui s’étaient emparé du pouvoir en Égypte. L’arrivée d’un pouvoir militaire fort a mis fin à cette ingérence et, depuis, le pays des pharaons refuse tout contact avec le Qatar. De même, l’Arabie saoudite, le Bahrein et les autres états du Golfe ont rappelé leurs ambassadeurs et boycotté les relations diplomatiques avec leur encombrant voisin. L’Arabie tente d’éliminer l’influence grandissante de ce rival qui, en quelques années l’a supplanté dans bien des domaines, et elle a entrainé avec elle nombre d’autres pays.
© Bestimage/Bestimage/Photo News - BT |
Pourtant, le Qatar a renforcé ses liens avec la Grande-Bretagne, investissant massivement dans des entreprises britanniques comme Sainsbury’s ou Harrods, avec la France car le Sheikh n’a jamais caché sa francopholie, multipliant les voyages d’état à Paris, s’achetant une résidence sur la Côte d’Azur, avec l’Inde dont il promet de soutenir l’économie mais aussi avec les États-Unis et son allié Donald Trump qui a organisé un grand dîner économique à la Maison blanche en juillet 2019.
© Philip Reynaers/Photo News |
Cependant, Amnesty International ne cesse d’interpeller la communauté internationale sur l’esclavage d’une main d’œuvre asiatique exploitée et séquestrée. De même, le Qatar a la réputation de financer les rebelles syriens, tout comme les partis islamistes tunisiens et marocains, et même indirectement Al Qaeda tout en offrant son aide pour combattre le terrorisme.
Récemment, le pays a conclu des accords inquiétants de coopération avec la dictature turque du président Erdogan. Dans un même temps, les autorités qataris ont servi d’intermédiaires aux négociations engagées avec les Talibans. Difficile de décrypter la politique ambivalente du Qatar et par là-même les visées de son leader baptisé par ses compatriotes Tamim le Glorieux…tout un programme !
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