Christophe Vachaudez
17 July 2020
Le coiffeur Alexandre était venu expressément de Paris et les grands couturiers n'avaient pas chômés pour habiller Madame, ses filles et toute leur parentèle. Diane d'Orléans, princesse de France, épousait Carl de Wurtemberg, héritier de l'un des plus illustres lignages teutons. Ils s'étaient rencontrés, s'étaient plus et malgré certaines réticences, les deux jeunes gens avaient gagné. Il est vrai que Marie-Thérèse, la sœur de Carl, avait convolé avec le frère aîné de Diane, Henri, et que la tribu des Orléans effrayait plus qu'elle ne rassurait. La comtesse de Paris avait d'ailleurs affrété un minibus pour acheminer tous les siens depuis le Cœur Volant de Louveciennes jusqu'à l'imposant château baroque d'Alsthausen, cette ancienne commanderie de l'ordre teutonique où résidaient les parents de Carl.
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Plutôt conservateurs, ces derniers avaient certes accepté de tout organiser mais la mariée se voyait privée de bouquet, de pièce montée ou encore de tapis rouge, bien trop bourgeois au goût de la duchesse Rosa. Mais sur ce point, Carl avait remporté une victoire inattendue et la robe traine en soie de Diane, dessinée par Yves Saint-Laurent pour Christian Dior, avait pu glisser majestueusement, mise en valeur par cette touche vermeille, seul élément de décorum concédé par cette belle-famille aux habitudes austères.
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Dans l'assistance, on reconnait le roi Umberto d'Italie, le roi Siméon de Bulgarie ou encore Juan-Carlos et Maria-del-Pilar, enfants des comtes de Barcelone, des membres des maisons de Saxe, de Bade, de Hanovre ou de Bavière. Une messe inédite de Beethoven interprétée par l'orchestre de chambre de Stuttgart ravira les plus mélomanes. Une fois uni, le couple saluera durant deux heures les 300 convives présents.
La veille, une danse brésilienne ouvrait le bal, comme un hommage senti au pays de naissance de la mariée. Au terme du mariage, c'est vers ce même pays que s'envola un couple qui fait désormais rêver toute une génération. De retour en Allemagne, Diane et Carl s'installent à Friedrichshafen, l'autre château que possèdent les Wurtemberg sur les bords du lac de Constance.
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D'un tempérament artistique, la jeune duchesse peine à s'intégrer mais peut compter sur le soutien indéfectible de son époux dont elle égaie l'existence, de sa pétulance et de son originalité. Mais qu'on s'y trompe, Diane a beaucoup de bon sens et il sera bien utile pour réorganiser la résidence familiale quand Carl hérite du titre.
Cinq enfants viendront enrichir cette union qui, si elle ne ressemble pas à un long fleuve tranquille, demeurera d'une solidité exemplaire. Au fils aîné, Frédéric, tristement décédé en 2018, succéderont Mathilde, Eberhard, Philipp, Michael et Fleur. Si le Duc gère les propriétés ancestrales et la fortune des Wurtemberg, la Duchesse sculpte et peint, s'investissant depuis des années dans le domaine caritatif, parcourant infatigablement le monde entier. Elle recevra d'ailleurs pour cette raison la Légion d'honneur en présence du président Valery Giscard d'Estaing et de Madame Chirac.
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De nos jours, Carl qui a connu de graves ennuis de santé continue à se raccrocher à Diane, demeurée la locomotive d'un tandem qui a traversé bien des adversités et connu bien des bonheurs, jusqu'à celui de célébrer des noces de diamants !
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