Agnès Zamboni
28 April 2025
Bounce Bench, longueur 120 cm (formé de 240 balles de tennis).
Recherche SoundRoot et Root Tiles.
Pendant ses études, Mathilde Wittock, diplômée du Central Saint Martins College of Art and Design de Londres, a signé une thèse sur l’autosuffisance dans les matières. “J’avais le désir de travailler avec la nature. Le biodesign consiste à étudier les organismes vivants et leur fonctionnement interne pour ouvrir les portes à des solutions régénératives dans la conception et les matériaux”, explique-t-elle. Avec cette approche innovante, nécessitant empathie et symbiose avec le monde vivant, Mathilde a focalisé ses recherches sur les plantes de la famille des graminées. Résilientes, celles-ci sont capables de s’adapter à n’importe quelles conditions climatiques. Avec leurs racines, se développant par division cellulaire dans des moules, Mathilde fabrique des briques murales acoustiques ou des tissages et trames spontanés, préfigurant une sorte d’archéologie du futur. “À la façon du carton, elles se froissent aisément dans la main et reprennent leur aspect initial en quelques secondes. On peut aussi les recouvrir d’un bioplastique issu d’un matériau dérivé d’algues et de pigments naturels pour améliorer leur résistance et leur apparence. On obtient ainsi une matière régénérative, sans déchets, circulaire et totalement modulaire.”
Bounce Chair (formée de 420 balles de tennis) et deux Bounce Dividers (253 balles de tennis chacun).
Bounce Chair (formée de 420 balles de tennis).
Le saviez-vous ? plus de 400 millions de balles sont jetées, tous les ans, sur les courts professionnels de tennis et seulement 1% d’entre elles sont recyclées. Or, la fabrication d’une balle nécessite de vingt-quatre étapes… pour finir à la corbeille à l’issue de neuf jeux. Le gaz qu’elles contiennent s’échappe, elles s’aplatissent et ne rebondissent plus. Avec les balles collectées en Belgique, Mathilde, installée aux ateliers de Zaventem, met au point une collection de sièges, ainsi que des panneaux décoratifs et acoustiques, en réutilisant les balles de tennis hors service en feutre et en caoutchouc. Elle les découpe manuellement en deux le long de leur ligne blanche, puis les teinte (avec des pigments locaux et écologiques) et les accroche, selon un assemblage en écailles de poisson, sur une structure en bois. Ces surfaces, dotées de tons en subtils dégradés produits par les différentes textures et couleurs du feutre, composent des assises souples et confortables. “La balle n’est pas détruite, la circularité des matières est maintenue et mon assemblage modulaire permet de cacher les inscriptions indélébiles des grands leaders de l’industrie sportive.” Et chaque demi-coque peut être remplacée en cas de dégradation.
Photo de couverture : © Mathilde Wittock
Site
Une sélection de pièces de Mathilde Wittock est visible, sur rendez-vous, à la galerie Augusta jusqu’au 22.06 • augustagallery.be
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