François Didisheim
21 November 2023
Celui qui va jusqu’à inventer le néologisme brucevilisation ne pouvait commencer que par une déclaration d’amour enflammée à sa ville : « À bien y regarder, Bruxelles, c’est un peu comme une famille. Avec le haut de la ville et le bas, avec ses riches et ses pauvres, ses fiers et ses discrets, avec ses quartiers de noblesse et ses marolles, ses avenues arborées et ses ruelles suintant la graisse, ses vitrines aux noms hors de prix et ses enseignes de premiers prix, ses hôtels de maîtres cossus et ses cités ouvrières, ses parcs luxuriants et ses squats tagués, ses nouveaux riches et ses anciens pauvres, ses sans-logis et ses “sans difficulté financière”, ses friches industrielles gentrifiées et ses hauts lieux bourgeois-bohèmes… bref, une famille cosmopolite, un organisme vivant, donc mutant, bouillonnant, tentaculaire, faisant de cette ville à nulle autre pareille un UNICUS dans le chorus des capitales mondiales ». Avec cela, le cadre est bien planté, on est d’accord !
Constantin Chariot, historien de l'art et galeriste, musicien passionné, homme d'affaires polyvalent, et gardien de la "Brucevilisation". Son parcours est une véritable déclaration d'amour à Bruxelles. Dans le nouveau numéro du magazine Lobby, son regard bienveillant sur la capitale met en lumière sa diversité, sa vitalité, et son unicité. © DR
Pour notre interlocuteur, Bruxelles est à nulle autre pareille : « Véritable creuset de vitalité artistique, culturelle, gastronomique, académique, Bruxelles est aujourd’hui reconnue par le monde entier comme un réacteur “cardioactif”. Elle irradie le cœur des gens par son humour, sa gentillesse, sa simplicité, son humilité même. Son dialecte savoureux, mélange improbable de flamand et de français, est à l’image de sa créativité. Cette langue totalement unique permet de dire des choses qu’aucune autre au monde n’arriverait à synthétiser. » C’est sans doute dans ces caractéristiques là aussi que l’art de vivre à Bruxelles prend ses racines : « L’idée d’appartenir à une ville qui n’a pas d’autre pareille, où la qualité de vie passe d’abord par la nature bienveillante des rapports entre les gens, où le calme et la bonhommie s’enracinent profondément dans le côté débonnaire, sans insolence, de son urbanité contemporaine. À Bruxelles, on reste surpris d’être surpris. On ne se prend pas la tête, on ne se monte pas le bourrichon et on n’est pas blasé. Où que vous alliez à Bruxelles, il y a un endroit que vous vivrez profondément, et vous rentrerez chez vous heureux de ce voyage en absurdie, par l’humour, l’autodérision, la provocation. Il y aura toujours un moment où vous serez ravis de rentrer d’une mégapole mondiale, et vous sourirez de ce curieux chaos organisé, aggravé d’un trafic congestionné par des travaux insensés. Vous vous amuserez sur les terrasses d’un de ces quartiers gentrifiés, avec leur petit côté provincial un peu snob, où les cyclistes écrasent les automobilistes, et où les habitants semblent prendre la ville d’assaut, à vélo, par la face nord, avec l’équipement d’un alpiniste de haute montagne. Ou vous irez vous perdre dans cette ancienne campagne laitière d’Uccle, où les autochtones à l’accent reconnaissable s’appellent tous par leur prénom. Ou bien, vous finirez par être conquis par le charme indéniable de ces nouveaux projets de la couronne nord de Bruxelles, étonnés de découvrir ces quartiers “verdurisés et apaisés”, anciennes friches industrielles, avec leurs projets culturels et urbanistiques ambitieux, rendant cette partie de la ville attractive, alors qu’il y a peu, tel un goulag, on pensait que n’en revenait que celui qui n’y était jamais allé ». Définitivement : Constantin Chariot, l’homme qui vous fera aimer Bruxelles !
Newsletter Lobby du 10 novembre 2023, rédigée par François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez Lobby, la revue des cercles du Pouvoir, ici