Rédaction
19 April 2017
Pour l'instant tout va bien pour les animateurs du Brexit et Teresa May. L'économie britannique va de l'avant et le chômage n'a pas augmenté. La livre a perdu 20% de sa valeur mais cette baisse favorise les exportations.
Le 29 mars, posant devant l'Union Jack, la Première ministre a annoncé l'avènement prochain d'une « Global Britain », une Grande-Bretagne « vraiment mondiale », une sorte de retour à l'époque impériale. Le Royaume-Uni, se retirant du marché unique et de l'union douanière, renouera des liens étroits avec ses anciennes colonies Australie, Nouvelle Zélande, Etats-Unis. Londres deviendra une place financière à la manière de Singapour et l'Angleterre un paradis fiscal pratiquant le dumping social.
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Les Britanniques auront leurs propres lois dans tous les domaines. Ils ne seront plus brimés par la bureaucratie bruxelloise. Tel est le rêve. La réalité, c'est que la Grande Bretagne réalise 44% de ses exportations vers l'Union européenne, que certaines banques ont déjà commencé à se délocaliser partiellement vers Francfort et Paris, c'est aussi que ni la City sans ses employés européens les plus performants, ni l'industrie automobile (qui importe 80% de ses pièces détachées du continent) ne pourront continuer à vendre leurs produits au sein de l'Union si la séparation n'est pas accompagnée de nouveaux accords. Or, la négociation ne pourra commencer avant les élections allemandes de l'automne et la constitution d'un nouveau gouvernement à Berlin. Personne aujourd'hui ne peut expliquer comment en seize mois il sera possible de trouver des accommodements à la séparation après quarante années de pratiques communautaires. « C'est la négociation peut-être la plus compliquée de tous les temps » admet le ministre britannique chargé du Brexit. Sans accord, le Royaume-Uni devrait revoir tout son système de relations internationales, une tâche gigantesque qui demanderait plusieurs années. L'issue du Brexit est imprévisible, pour l'instant Mme May s'en arrange.
Donald Trump avait déclaré pendant sa campagne électorale : « En tant que nation, nous devons être plus imprévisibles ». Le 12 avril, son Secrétaire d'état, Rex Tillerson a subi à Moscou une admonestation de Sergeï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, qui a évoqué « les idées controversées parfois contradictoires » émises à Washington. Les relations russo-américaines sont au plus bas et de la part d'un Président qui avait fait du rapprochement avec Moscou l'un des thèmes majeurs de sa politique étrangère, c'est plutôt déroutant.
Sergeï Lavrov et Rex Tillerson © Polaris/Photo News |
Est-ce imprévisibilité ou incohérence de sa part ? demande le Washington Post. Là où l'imprévisibilité devient angoissante, c'est quand deux êtres imprévisibles se font face. Kim Jong Un, le tyran nord-coréen, défie le monde entier et Donald Trump envoie un puissant groupe aéronaval patrouiller à proximité de la Corée.
Imprévisible, tous les experts en sont d'accord, le résultat de l'élection présidentielle en France. Mais, quel que soit le vainqueur, on devrait pourtant assister à un changement complet du paysage politique car les partis traditionnels (PS et Les Républicains) ne recueilleront vraisemblablement à eux deux pas plus de 30% des voix au premier tour de scrutin. C'est sans précédent depuis l'accession au pouvoir du général de Gaulle et la fondation de la Vème république. Il y a là l'annonce d'un renouveau de la vie politique française.
L'imprévisibilité peut avoir parfois du bon.
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