Rédaction
26 August 2021
Washington tablait alors sur deux choses : l'armée régulière afghane entrainée et équipée par les Américains, et les négociations en cours à Doha depuis septembre 2020. Ces pourparlers avaient pour objectif un partage du pouvoir et la création d'une sorte de gouvernement d'union nationale dit "inclusif". De facto ces négociations n'ont abouti à rien.
Les Talibans lancent leur offensive au Nord du pays au début du mois de mai. À l'époque ils rencontrent une forte opposition de l'armée toujours soutenue par un important appui de l'US Air Force. Jusqu'au 2 juillet, quand l'OTAN évacue la base de Bagram, centre névralgique des opérations de la coalition. Dès lors, les alliés cessent toute intervention et se concentrent sur l'évacuation de leurs troupes.
© Marcus Yam/Polaris/Photo New |
Les Talibans qui contrôlent déjà les 2/3 du pays vont alors intensifier leur offensive en prenant progressivement la plupart des capitales régionales. Zaranj, Kunduz, Kandahar... L'oncle Sam semble ignorer que l'armée afghane de 300 000 hommes est en grande partie une armée fantôme... Certains officiers n'ont pas hésité à déclarer des soldats qui n'existaient pas pour toucher des subventions. Quant aux "vrais", victimes des défaillances de la logistique, ils attendent leur solde durant des mois, et beaucoup ont accueilli les Talibans en libérateurs.
L'Afghanistan reste le "tombeau des empires". Ce n'est pas une nation au sens européen du terme, mais un ensemble de montagnes et de vallées, soumises à des clans tantôt hostiles tantôt alliés, qui se partagent des zones d'influence. Ainsi les Occidentaux ont vu, avec surprise, des chefs locaux qu'ils pensaient fidèles, passer des accords avec les Talibans. Au final, ils se sont retrouvés à Kaboul le 15 août, pour se faire photographier dans le bureau du Président afghan qui avait fui la veille.
© Bestimage/Photo News |
Après deux décennies de combats et 1000 milliards de dollars dépensés, les Américains vont célébrer les 20 ans du 11 septembre, avec les Talibans au pouvoir à Kaboul. Au XIXe siècle, le célèbre stratège Prussien Carl Von Clausewitz écrivait que « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. » On pourrait renverser la formule, et dire que seule la politique peut arrêter la guerre, quitte à la poursuivre par d'autres moyens...
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