Rédaction
25 November 2015
Depuis un an ou deux, les entrepreneurs n'ont plus qu'un mot à la bouche pour financer leurs projets les plus fous : le crowdfunding.
Retrouvez l'interview de Guillaume Desclée, fondateur de MyMicroInvest, en cllquant ICI.
Mais quand le projet est local, passer par d'importantes structures nationales et internationales comme Ulule ou KissKissBankBank n'est peut-être pas le moyen le plus indiqué pour parvenir à ses fins. Pour palier à cette difficulté, Géraud Strens (24 ans) travaille depuis plus d'un an à l'élaboration d'une plateforme de crowdfunding … wallonne. Lancée en octobre dernier, Ekifin (c'est le nom de la plateforme) est vouée à aider des entrepreneurs aux projets d'envergures plus "locales" à se financer, en invitant les citoyens à y investir.
Des projets plus locaux que ceux défendus par d'autres plateformes? Oui, mais pas seulement. Les projets défendus par Ekifin doivent aussi avoir une portée équitable et durable. "Par équitable et durable, nous entendons des projets durables pour l'environnement, équitable pour la société et bien sûr viable économiquement" explique Géraud Strens, le fondateur d'Ekifin. L'intérêt ici est de permettre à des idées, utiles et altruistes, de voir le jour dans leur entourage direct. "Les investisseurs pourront donc voir, au quotidien, à quoi aura servis leur argent" poursuit-il. C'est l'essence du crowdfunding même, à des années lumières de l'impersonnel placement bancaire. D'ailleurs, quand il parle d'investisseurs, Géraud Strens ne parle pas d'investissement en capital : Ekifin ne fait pas du crowdfunding en equity (comme pour MyMicroInvest avec Domobios, par exemple), mais bien en reward (comme pour Brussels Beer Project ou Perùs, dont nous vous avons déjà parlé). Ce qui signifie que le public reçoit des contreparties non-financières en échange des fonds versés. "Les contreparties peuvent aussi se penser en termes de services", insistait Géraud Strens chez nos confrères d'Alterechos.be la semaine passée.
La première campagne de live crowdfunding organisée le 23 octobre dernier par Groupe One et Ekifin © Ekifin |
Dans son éventail de projets (laissons le mot portefeuille aux banquiers), Ekifin suit déjà cinq projets, dont l'un à d'ores et déjà atteint son premier objectif de financement (modeste, il faut le reconnaître), un autre commence à peine sa campagne, et les trois autres sont sur la bonne voie. Découvrez les projets en cliquant ICI.
Parmi ceux-là, le projet Slökantine de Caroline Cajot et Jean-Luc Wallemacq illustre bien l'esprit des projets suivis par Ekifin. Slökantine, c'est la rencontre entre un joli foodtruck et l'excellente culture du slowfood. Slökantine proposera dès le 18 décembre une cuisine itinérante de saison, alimentée par des producteurs régionaux!
"On fait tout nous-même, aucun produit industriel n'entre dans nos préparations et nous travaillons, tant que c'est possible en circuit court. Quand cela n'est pas possible - pour les épices par exemple - nous travaillons avec des producteurs précisément identifiés et équitables, comme pour notre huile d'olive. Elle vient de Crète, mais nous garantissons que son producteur rémunère correctement les paysans qui travaillent pour lui" assure Jean-Luc Wallemacq. Même exigence pour les boissons, bières ou vins. Vu le mode de fonctionnement, très local et saisonnier, difficile de savoir précisément ce qu'il sera possible de déguster chez Slökantine, mais le couple d'entrepreneurs est équipé et ne manque pas d'idées : "On ne sera pas monoproduit comme beaucoup d'autres foodtrucks. Notre cuisine est complètement équipée: four, plancha, panini, friteuse, etc. On sera donc en mesure de proposer tous les jours un potage, un plat de saison, deux préparations de pain (hamburger, paninis, sandwich …) et un dessert".
Le futur foodtruck... © Droits réservés |
Pas de doute, le projet est bien durable et équitable. Quant à savoir s'il est local et viable, Jean-Luc Wallemacq lève aussi les doutes : "Nous voulons travailler en circuit court, donc, on ne va pas se balader dans tous le pays. Pour le déjeuner en semaine, nous serons disponibles à la sortie des bureaux des zonings Nord et Sud de Nivelles. Le soir et les weekends nous nous déplacerons sur des évènements publics ou privés".
D'ailleurs, Jean-Luc Wallemacq et Caroline Cajot ont la tête sur les épaules. Ils commencent leur activité en décembre et ils savent que l'hiver chez nous peut être ingrat. Alors pour que bien manger à l'extérieur ne soit pas un supplice, pour garantir à leurs clients le confort qu'ils méritent, Slökantine a décidé de s'équiper contre les intempéries: une tente à armature en aluminium, des mange-debouts chauffants au bioéthanol, un mur végétal et plusieurs chaises. Pour les aider à financer cet investissement (objectif 5 000 €), Slökantine s'est adressé à Ekifin. Un mois après la séance de live crowdfunding - la première de ce genre en Wallonie! -, le 23 octobre dernier, qui avait lancé la campagne de financement, un peu plus de 40% des fonds nécessaires à l'acquisition de ce matériel hivernal ont déjà été levés. Des résultats encourageants, mais encore insuffisants. Il reste un petit mois encore à Slökantine pour réussir son pari et accueillir comme il se doit ses clients, autour d'une bonne soupe et confortablement installé, au sec. Tous les espoirs sont permis pour le couple d'entrepreneurs. Retrouvez la campagne sur Ekifin en cliquant ICI.
© Droits réservés |
Permettre aux citoyens d'investir dans des projets proches de chez eux, utiles, bons pour la société et la planète, c'est l'idée d'Ekifin. L'exemple de Slökantine prouve non seulement que le crowdfunding à l'échelle locale a du sens, mais aussi qu'il ne faut pas aller très loin pour trouver de bonnes idées...
Plus d'infos?Ekifin: www.ekifin.be ou Facebook.Slökantine sur FacebookPublicité