Rédaction
07 September 2016
Eventail.be - Quel est le point de départ de « Nocturama » ?
Bertrand Bonello - Depuis longtemps, je ressens une tension tellement dense que j'ai l'impression de pouvoir la toucher. J'ai essayé de mettre en histoire, en fiction ce sentiment personnel. J'avais envie d'un geste un peu punk des années 76-77. Ce mouvement né à Londres appartient à la jeunesse. J'avais envie de faire un film d'action politique, de passer par le genre du thriller ou du film d'action. Pas par le discours mais par le geste.
- Le groupe est composé de huit jeunes d'origines très différentes.
- J'ai mis en scène une jeunesse diverse sur le plan culturel et géographique. Je ne voulais pas tomber dans le cliché de l'immigration ou des banlieues. Mon propos est de montrer un climat beaucoup plus général. J'ai fabriqué un groupe de jeunes. A partir du moment où ils peuvent se rencontrer, ils sont amenés à se parler. C'est mon postulat de départ car je ne veux pas stigmatiser, isoler un groupe. Ces dix jeunes ont des raisons différentes de se sentir étouffés mais ils ont une rage commune.
Nocturama © Cineart |
- L'insurrection de « vos » jeunes terroristes est-elle facile à décrypter ?
- On a beaucoup de mal à décrypter le terrorisme islamiste, très complexe. Je ne veux pas rajouter de confusion à la confusion générale. Les actes des jeunes de « Nocturama » sont différents, ne fût-ce que par les cibles choisies. Dans mon film, on est sur des attentats non meurtriers. Il n'y a pas un désir de tuer même s'il y a des dommages collatéraux. Alors que les attentats islamistes relèvent avant tout du massacre. Dans mon film, on est loin de quelqu'un qui conduit un camion pour tuer des enfants. Je pense qu'il est facile de comprendre ces gamins nés entre 1995 et 1998 à qui on a toujours dit qu'il n'y aurait ni travail ni espoir. C'est la crise, la fracture qui motive leur sentiment de révolte.
Bertrand Bonello © Cineart |
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