Corinne Le Brun
29 April 2020
Eventail.be - L'histoire comme le personnage de Margarette vont ont touchée particulièrement ?
- J'ai reçu un scénario très original. Puis, j'ai rencontré une jeune femme très déterminée, très séduisante qui m'a donné confiance. Margarette est un personnage très folklorique, très haut en couleurs. Sa façon de parler, sa manière de s'habiller m'amusaient beaucoup. Elle m'attendrit parce ce qu'elle n'a pas les moyens intellectuels de comprendre ce qui se passe. Elle réagit de façon très primaire à ce que vit sa fille. Elle n'a pas une réaction d'analyse. Elle est incapable de prendre les choses en mains. Elle subit cette folie sans en comprendre les clés. Ce côté trivial, animal m'intéressait beaucoup.
- Ce n'est pas la première fois qu'on vous confie un rôle de "mère toxique"...
- On m'appelle souvent pour ce type de rôle. Je suis un peu abonnée aux personnages excessifs. La toxicité va souvent avec l'excès quand on n'est pas dans la subtilité. Quand on est dans l'excès, souvent, les relations deviennent toxiques. Magarette et Jeanne, sa fille, ont construit une relation fusionnelle dans une famille monoparentale. L'environnement masculin déstabilisant incite sans doute Jeanne à se réfugier dans les fantasmes d'un amour idéal auquel elle croit sincèrement. Quand Magarette voit que sa fille lui échappe, elle a peur. Elle tombe dans l'excès et devient envahissante, intrusive.
Noémie Merlant dans Jumbo © DR |
- L'objectophilie, le sujet du film, vous a aussi incitée à y participer ?
- Je ne connaissais pas cette appellation. En fait, l'objectophilie m'a interpellée au moment où j'ai compris que cela existait vraiment. Je pensais que c'était une invention, très originale, de Zoé. J'ai toujours le besoin de trouver un lien avec la réalité. Quand j'ai su que c'était une maladie psychiatrique qui était nommée, étudiée et reconnue, cela m'a rassurée qu'on ne racontait pas une histoire si loufoque que ça. Zoé s'est inspirée d'un documentaire sur une histoire vraie. Ces gens-là ont juste un sentiment amoureux très sincère et très fort. Cet attachement, loin d'une fantaisie un peu fabriquée, ancrait le film dans une vérité. C'est toujours important pour moi d'y croire.
- Vous avez un objet auquel vous tenez particulièrement ?
- J'ai des objets auxquels je suis très attachée et auxquels j'associe une forme de superstition. Mais je n'en suis pas amoureuse! Les objets nous accompagnent. Enfant, j'avais un petit pantin en feutrine qui symbolise mon enfance et des personnes qui m'entouraient alors. Quand je le regarde, une vague de souvenirs remonte. Et pourtant, mon pantin est complètement désossé !
© Borde-Jacovides Photonews |
- Entre réalisatrice et actrice, quelle est votre préférence ?
- J'aime et assume les deux casquettes. C'est une chance. Je suis bien équilibrée avec les deux disciplines. Les deux métiers se nourrissent mutuellement. Quand je réalise un film, je ne supporte pas les caprices des acteurs, je suis très choquée. Car je connais, en tant qu'actrice, les doutes d'un réalisateur. Quand je joue, tout ce que je peux connaître d'un plateau de cinéma, de la mise en scène m'aide beaucoup et quand je dirige il est évident qu'en tant que comédienne, les rapports que j'ai avec les acteurs sont beaucoup plus directs et plus francs. Beaucoup de metteurs en scène ne sont pas à l'aise avec les acteurs car ils ne savent pas trop cette chose qu'être acteur. Cela m'aide beaucoup. Moi, je n'ai pas peur des acteurs.
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