Corinne Le Brun
17 May 2023
Smoking or no smoking ? Jusqu’à la dernière minute, tout le monde regarde le ciel. L’étincellement de l’ouverture du Festival a eu raison de la météo (qui annonçait des averses). En tout cas, une pluie de stars a monté les marches, mardi soir. Johnny Depp, le “banni d’Hollywood” ôte ses lunettes de soleil pour communier avec la foule et la salle du Grand Auditorium. À ses côtés, Maïwenn, la réalisatrice et actrice principale de Jeanne du Barry inaugurant la 76e édition du Festival (en salles, aujourd’hui). Avant cela, Chiara Mastroianni, élégantissime dans sa longue robe noire, lance la cérémonie en chanson (et en italien), suivie par la magnétique Stand by me sublimée par le groupe Gabriels. Saisissant. « Le cinéma ne nous a jamais laissés tomber, à nous de prendre soin de lui pendant dix jours. Que le ravissement nous étreigne, nous apporte la beauté et la joie » sont les mots de la très convaincante maîtresse de cérémonie.
Chiara Mastroianni et sa mère Catherine Deneuve © Borde-Jacovides-Moreau/Bestimage
Arrive sa mère, Catherine Deneuve en personne, dont le visage est l’incarnation de cette 76e édition. À travers un poème ukrainien, l’icône du cinéma français rappelle que « la vie n’est pas que rêve, mais se tâche aussi de sang. » Cœur et magie du 7e art ne font qu’un. Le Festival est ouvert.
La star, c’est lui ! Michael Douglas reçoit une Palme d’or d’honneur. Cinquante-cinq ans de carrière en 5 films cultes. « Michael est un titan ». Uma Thurman comme la salle, unanime, rend un vibrant hommage à l’acteur et producteur américain, âgé de 78 ans. La star évoque son mentor Karl Maden puis Vol au-dessus d’un nid de coucou en tant que producteur. Mais il n’oublie pas qu’il est le digne héritier d’un père iconique, Kirk. Très ému, King Douglas témoigne de son amour à sa femme, l’altière Catherine Zeta-Jones et à leur fille Carys, les yeux pleins d’admiration pour son père.
Michael Douglas reçoit la palme d'honneur lors cérémonie d'ouverture © Borde-Jacovides-Moreau/Bestimage
Empêtrée dans une grève de scénaristes à Hollywood, qui a mis les tournages à l’arrêt aux États-Unis, l’industrie du cinéma américain est bien présente au Palais des Festivals. La pression sera forte sur les épaules de ses représentants, cette année. Car les Etats-Unis sont leader au palmarès de la Palme d’or (avec treize trophées). Au programme: le film de Wes Anderson Asteroïd City et son casting fleuve : Scarlett Johansson, Tom Hanks, Tilde Swinton, Jeff Goldblum, Adrien Brody. Todd Haynes avec May December porté par le duo Julianne Moore, Natalie Portman. Aussi, même si le film est sous pavillon américain, c’est le réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire qui portera de nouveaux espoirs aux USA lors de cette 76e édition grâce à Black Flies avec le duo Sean Penn–Tye Sheridan.
La princesse Charlotte Casiraghi © Photo News
L’archéologue au fouet Harrison Ford, présent avec Indiana Jones et le cordon de la destinée de James Mangold, recevra un hommage pour l’ensemble de sa carrière tandis que Martin Scorsese et son Killers of the Flower Moon avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro figurent dans la compétition. Savant dosage entre cinéastes “abonnés” – Nanni Moretti, Ken Loach, Marco Bellocchio, Wim Wenders, Hirokazu Kore-eda… – et jeunes pousses, production occidentales et d’autres horizons, la 76E édition illustre les mots d’Iris Knobloch, nouvelle présidente du Festival de Cannes : « retour aux basiques, mais aussi retour vers le futur.» Le président du jury Ruben Östlund (double palmé) et son équipe sont prêts au combat.
Ruben Östlund, président du jury, et son équipe © Jacovides-Moreau / Bestimage Red carpet of the movie « Jeanne du Barry » for the opening ceremony of the 76th Cannes International Film Festival at the Palais des Festivals in Cannes, France. On may 16th 2023 ! only BELGIUM !
Les frères Dardenne sont absents. Il n’y aura ni Lukas Dhont, ni Bouli Lanners, ni Joachim Lafosse… Place à la nouvelle génération de talents belges plus que prometteurs. Augure, le premier long-métrage de Baloji, Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï, Mamba Pierrette de Rosine Mbakam, Le syndrome des amours passées de Ann Sirot & Raphaël Balboni et L’autre Laurens de Claude Schmitz sont dans les starting-blocks. On pourra aussi miser sur la généreuse sagacité de notre compatriote Émilie Dequenne, membre du jury “Un certain Regard” (présidé par Anaïs Demoustier).
Photo de couverture : © Olivier Borde/Bestimage
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