• HLCÉ

"When The Light Breaks", lumière et mélancolie en Islande

CinémaFilmInterview

Corinne Le Brun

19 February 2025

Une jeune étudiante islandaise est confrontée au deuil de son ami. À la fois solaire et mélancolique “When The Light Breaks”, film d’ouverture de la section “Un certain regard” au dernier Festival de Cannes, raconte l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté. Elin Hall porte avec sensibilité les tourments intérieurs de la bouleversante Una. Nous l’avons rencontrée sur la Croisette.

Una (Elin Hall), étudiante en art, a une relation secrète avec Diddi (Baldur Einarsson). Ils rêvent d’un avenir ensemble. Mais Diddi doit d’abord mettre fin à sa relation avec sa petite amie officielle. Soudain, l’impensable se produit : il meurt dans un incendie dévastateur. Avec When The Light Breaks, le cinéaste islandais Rúnar Rúnarsson explore la douleur d’un groupe de jeunes confrontés au deuil d’un ami. Alors que le monde d’Una s’effondre autour d’elle, elle est obligée de réfléchir à son passé, son présent et son avenir entre colère chagrin, colère et incrédulité.

Eventail.be – Una trouve difficilement sa place dans sa famille, dans la société
Elin Hall –
Je pense qu’Una est une personne très gentille. Elle a grandi dans une maison merveilleuse avec des parents incroyables. Adolescente, elle a longtemps voyagé avec eux. Rêvant d’un ailleurs et entièrement tournée vers l’art, elle est très libre d’explorer son identité, sa sexualité et son look. Son apparence androgyne reflète son indépendance. D’ailleurs, elle est la seule fille dans un groupe de garçons qui suivent comme elle des études de performance artistique. Elle n’a pas peur de suivre son propre chemin. Plutôt cool, elle se fiche de ce que les gens pensent.

– Déstabilisée par la perte de son amoureux, Una se retrouve seule, coincée à cause d’un silence qu’elle doit garder
Elle ne peut pas trouver sa place dans ce deuil, ni avec ses amis ni avec ses parents. Son histoire d’amour avec Diddi était un secret. Personne n’était au courant de sa liaison sauf un des amis mais Una l’ignorait. Alors elle est complètement seule avec la douleur de son chagrin. Elle ne peut même pas confier à son père que Diddi était beaucoup plus qu’un ami. Parfois elle explose de colère et je pense que c’est très humain. J’étais vraiment très impliquée dans le personnage d’Una. Il ne s’agissait pas d’être mélodramatique. Una se retrouve juste dans une situation émotionnelle très frustrante pour elle. J’ai beaucoup aimé cette approche.

Runar Runarsson et Elin Hall à Cannes © Mehdi Chebil/Polaris

– Comment décririez-vous la relation amoureuse entre Una et Diddi ?
Le film s’ouvre sur Una et Diddi au bord de la mer. On comprend très vite – Rúnar n’a pas voulu s’appesantir sur le passé de leur relation – qu’ils se connaissent très bien. Ils décident de passer leur première nuit d’amour ensemble. Diddi confie qu’il se sépare de Klara, sa petite amie officielle. Una et lui font des projets d’avenir. Ils tombent littéralement amoureux l’un de l’autre, cette nuit-là. Comme ils ont été amis pendant trois ans à l’université et dans un groupe de musique, l’un comme l’autre peut passer d’une amitié très forte à l’amour. Dans ce cas-là, le sentiment amoureux peut venir très vite et peut-être même qu’ils s’aimaient déjà sans s’en rendre compte ni l’avouer. Je pense que Diddi était aussi juste quelqu’un de très spécial pour Una, avec qui elle pouvait complètement être elle-même.

© DR

– Les parents d’Una veulent la ramener sur terre, surtout son père …
Rúnar voulait raconter une histoire sur le deuil à travers les jeunes. Parce que quand vous êtes jeune, à un certain moment, il se produit une sorte de “ressort” au début de votre vie. Quelque chose de magique vous fait traverser les murs. Tout peut arriver. La passion, quasi mystique, vous transporte. Una vit cela. Rúnar voulait aussi montrer que le père d’Una veut être présent et aider sa fille. Mais il ne sait pas exactement comment gérer. Il y a quelque chose de très beau dans leur relation. Una est enfant unique et a voyagé autour du monde avec ses parents pendant toute son adolescence. On voit déjà de la tristesse en elle. Les amis de Diddi se consolent entre eux, sans les parents. Je trouve cette attitude très touchante. C’est quelque chose qu’on voit chez les jeunes. Ils veulent changer le monde et puis, peut-être, quand les gens vieillissent, ils deviennent plus installés.

– La jeune génération essaie juste de comprendre. Tellement de choses changent dans le monde : l’égalité, la justice, l’identité de genre. Il y a ce sentiment que personne ne nous comprend, nous les jeunes. Le queer est montré par petites touches dans le film. Fait-il débat en Islande ?
– Il y a eu beaucoup de reculs et de contrecoups dans la communauté queer. De nombreuses agressions sont commises contre les personnes trans comme partout dans le monde. Je ne suis pas vraiment une porte-parole, mais, en Islande, je sais qu’il y a beaucoup de discussions à ce sujet. Des voix fortes s’expriment à la fois pour et contre. Parfois, c’est très décourageant de voir les gens débattre de simples droits humains. Cette situation est inconfortable. Choisir sa vie, son identité sexuelle est quelque chose de naturel, comme respirer. Nous partageons tous le même chagrin, le même sang, l’air, l’eau… Et la façon dont les gens choisissent de se montrer au monde ne devrait pas être jugée. Dans ce sens, le film est une réussite.

Saint-Valentin : expériences magiques et petites attentions pour célébrer l’amour

Lifestyle

Misez sur des expériences inoubliables ou de charmantes petites attentions pour célébrer l’amour. Que vous soyez romantique dans l’âme ou adepte d’attentions pleines de sens, découvrez quelques belles idées pour une Saint-Valentin spéciale.

Informations supplémentaires

Film

When The Light Breaks

Réalisation

Rúnar Rúnarsson

Distribution

Elin Hall, Katla Niálsdóttir, Ágúst Örn B. Wigurn

Sortie

Actuellement en salles

Publicité

Guillaume Senez : « Le lien filial n’est jamais rompu »

Cinéma

S’inspirant de faits réels, Guillaume Senez aborde sans mélodrame le thème qui lui est cher : la paternité et la parentalité. Tourné à Tokyo, “Une part manquante” est coproduit par le Japon. Rencontre avec le réalisateur belge Guillaume Senez.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles