Gwennaëlle Gribaumont
16 June 2022
Nouvelles dates, nouveau lieu. La Brafa se tiendra du 19 au 26 juin à Brussels Expo, au Heysel. Reconnu pour sa qualité et sa convivialité, ce rendez-vous obligé des amoureux d’art et d’antiquités réunit une centaine de marchands, belges et étrangers, qui présenteront leurs plus belles pièces : un éventail d’objets de toutes disciplines (arts plastiques, mais aussi mobilier, tapisseries, verrerie, orfèvrerie, sculptures, bijoux, bande-dessinée…) et de toutes origines (européenne, asiatique, précolombienne, orientale…). Le défi ? Attirer et contenter un public sélectif en quête d’exclusivité. À cette occasion, nous avons réalisé l’interview croisée d’Harold t’Kint de Roodenbeke, président de la foire, et de Beatrix Bourdon, Managing Director, à la tête de l’organisation.
Beatrix Bourdon © Guy Kokken
Harold t'Kint de Roodenbeke © Fabrice Debatty
L’Éventail – La Brafa s’est largement imposée comme la foire d’arts et d’antiquités majeure en Belgique. Comment est-elle parvenue à se positionner ?
Beatrix Bourdon – La première qualité de la foire est la sélection rigoureuse de ses exposants. D’année en année, nous attirons toujours plus de candidats. Nous présentions 80 à 90 exposants lors de notre arrivée à Tour & Taxis, nous réunissons 115 marchands cette année, avant d’ouvrir à quelque 130 ou 140 galeristes en 2023. Cette ouverture aux galeries et antiquaires étrangers augmente aussi notre visibilité.
Harold t’Kint de Roodenbeke – La participation d’une galerie est directement liée à différents critères de sélection. Le premier est la qualité irréprochable de l’exposant avec, en toile de fond, ses participations à d’autres foires du même niveau. La deuxième est son domaine d’activité. Nous voulons avoir le patchwork le plus représentatif de toutes les disciplines et époques. Nous serons, par exemple, plus souples avec un marchand spécialisé en peinture ancienne, car ce créneau est bien plus rare que celui des galeries d’art contemporain. Il faut arriver à maintenir cet éclectisme. Enfin, troisième critère, le secteur géographique. Il nous tient à cœur d’étendre notre zone d’influence pour offrir à la Brafa une dimension européenne.
© DR
– Au-delà de l’éclectisme et de la qualité irréprochable des exposants, quelles sont les autres qualités de la Brafa ?
Beatrix Bourdon – Assurément la convivialité ! Une convivialité que l’on retrouve en termes de service et dans l’ambiance générale.
Harold t’Kint de Roodenbeke – En effet, nous sommes une foire organisée par des marchands pour des marchands. Notre force est aussi d’être une ASBL. Nous ne cherchons pas la rentabilité mais seulement l’équilibre des comptes. Entre exposants, nous nous considérons comme une grande famille et nous souhaitons conserver cette bonne ambiance qui participe également à la fidélité de nos exposants en matière de participation. Si un confrère est déloyal ou désagréable, nous arrêtons la collaboration.
– La foire est programmée en juin, à proximité de la Tefaf (Maastricht), d’Art Basel, de Masterpiece London. Ne craignez-vous pas que cette concentration de foires de premier plan vous soit défavorable ?
Harold t’Kint de Roodenbeke – La première chose à souligner est que ce timing nous a été imposé. En décembre, quand la Brafa a été annulée en extrême urgence en raison des mesures sanitaires, il ne restait plus que cette option, en juin, pour organiser l’événement. De nombreuses foires et salons ont vu comme nous leurs agendas bousculés. Et il nous semble évident que ces nouvelles dates sont exceptionnelles. En 2023, chacun retrouvera sa position et le calendrier se remettra en place naturellement. Néanmoins, cette situation inédite nous offre un éclairage tout à fait intéressant en matière de satisfaction de nos exposants, puisque 34 d’entre eux participent à deux foires à la même période, quitte à faire le grand écart logistique. Cela prouve à quel point ils sont attachés à notre foire.
– À la différence de foires qui délimitent des secteurs en fonction des spécialisations de chaque marchand, l’une des spécificités de la foire est de mélanger les différents exposants.
Beatrix Bourdon – C’est une autre force de la Brafa. Dans une foire de dessins ou spécifiquement dédiée à l’art contemporain, le regard du visiteur est rapidement saturé. Ici, le fait que nous mélangions tous les styles permet aux exposants de mieux se distinguer par rapport à leurs voisins. Ça valorise aussi les objets qui se dynamisent les uns les autres en créant des dialogues inédits entre les styles, les époques, les cultures…
Harold t’Kint de Roodenbeke – Il y a une vraie tendance au mélange des genres. Les jeunes viennent à la Brafa parce qu’ils aiment et suivent l’art contemporain, puis ils découvrent ici des productions qu’ils ne connaissaient pas et achètent finalement une antiquité chinoise ou une sculpture médiévale.
– Comment procédez-vous au vetting ou processus de validation des pièces exposées ?
Harold t’Kint de Roodenbeke – Le comité d’organisation de la Brafa invite pendant deux jours quelques 80 experts qui valident la participation des objets à notre foire. Cette commission d’admission des objets contrôle que chaque exposant ait fait son devoir en termes de qualité d’objets, de provenance, d’authenticité… Ces précautions sont mises en place pour protéger l’acheteur et la réputation de la foire.
– Dans quelle fourchette de prix se situent les objets exposés ?
Harold t’Kint de Roodenbeke – La fourchette de prix est très large, allant de 1000 euros à plusieurs millions, même si cela reste plus exceptionnel. Il est important de proposer à la vente des pièces de belle qualité à des prix variés. Le Belge est un collectionneur. C’est presque génétique en Belgique !
– Votre conseil pour profiter au maximum de la Brafa ?
Harold t’Kint de Roodenbeke – Je conseille aux visiteurs de venir à l’ouverture, de faire un premier tour rapide, de prendre le temps d’un déjeuner sur place avant de refaire un tour plus en profondeur.
Beatrix Bourdon – Mon conseil est de ne pas hésiter à engager la conversation avec les exposants. Les marchands aiment parler des œuvres qu’ils proposent, raconter les anecdotes liées aux objets. Du côté de l’organisation aussi, nous faisons un travail en amont pour encourager les exposants à partager leurs coups de cœur avec le public. Nous organisons d’ailleurs de nombreux événements (conférences, visites guidées…) pour intéresser le public. Ce contact entre les amateurs d’art et les professionnels, ce partage d’émotions, c’est ce qui rend l’expérience à la Brafa aussi agréable.
L'artiste pluridisciplinaire belge Arne Quinze est l'invité d'honneur de la Brafa 2022. © DR
– Enfin, quelle serait votre plus grande satisfaction ?
Beatrix Bourdon – Il y a le côté humain. L’organisation de cette foire nous conduit à multiplier les rencontres, que ce soit avec des visiteurs, des exposants ou des artistes, tel Arne Quinze qui est l’invité d’honneur de cette édition. Une autre satisfaction, c’est d’observer que les marchands reviennent d’année en année. Cela témoigne non seulement de l’excellente ambiance mais aussi des bons résultats qu’ils enregistrent.
© DR
Paul Éluard (1895-1952), Plus tendre qu’un seul brin d’herbe…, signé et daté “1er janvier 1944″ au verso du 8e feuillet du manuscrit. Présenté par la Chambre professionnelle belge de la librairie ancienne et moderne (Bruxelles).
Ce manuscrit enluminé de la main de Paul Éluard est composé de 8 gouaches originales abstraites et symétriques, obtenues au moyen de pliages, à la manière des tests dits “de Rorschach”. Chaque gouache est accompagnée d’un ou deux vers autographes, écrits à l’encre, provenant de Sept poèmes d’amour en guerre, recueil du temps de la Résistance, qui avait été publié clandestinement par le poète français sous le pseudonyme de Jean du Haut à la fin de 1943.
En couverture : Albizia par Arne Quinze, 2021, huile sur toile, 200 x 300cm © DR
Foire
Brafa 2022
Dates
Du 19 au 26 juin 2022
Adresse
Brussels Expo Heysel
Place de Belgique 1
1020 Bruxelles
Billeterie
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