Rédaction
03 February 2021
Eventail.be - Quel a été le déclic de cette politique-fiction teintée d'ironie ?
Jean Marie Rouart - Il paraît que de Gaulle avait soupiré un jour : que serais-je devenu si en 1942 Pétain avait rejoint Alger avec la bénédiction des Américains ? Quand j'ai entamé l'écriture de ce livre, j'avais toujours présente à l'esprit cette phrase de Napoléon : « L'histoire est un mensonge qu'on ne conteste plus ». Eh bien, moi j'ai eu envie de contester le récit classique des événements et d'en tirer une sorte de récit amusant et picaresque.
Jean-Marie Rouart à son arrivée à la messe anniversaire à la mémoire de Pierre Cardin en l'église de La Madeleine à Paris © Bestimage/Photo News |
- Vous racontez des entrevues entre de Gaulle et Churchill où l'antipathie entre les deux hommes saute aux yeux ?
- C'est vrai qu'ils étaient comme chien et chat. Mais il y avait tout de même des points communs entre ces deux dirigeants. Ils étaient amoureux de leur pays et c'étaient des hommes d'action. L'un et l'autre étaient en outre des grands littéraires et je considère qu'il y a une connivence entre des passionnés de la littérature, comme s'ils appartenaient à un même club.
- Qu'en est-il des conversations entre de Gaulle et Staline ? Fictions ou affrontements authentiques ?
- Les deux à la fois. J'ai essayé de reconstruire la réalité en y injectant du romanesque. Par exemple, ce qui est vrai c'est que Staline était fou de cinéma. Il se faisait projeter des westerns avec John Wayne ou Autant en emporte le vent. Mais j'ai inventé que le dictateur russe avait une affinité élective avec Goebbels, qui rêvait lui aussi de devenir un génie du septième art.
- Les scènes galantes pimentent plus d'une fois votre récit ?
- On sait que la guerre et toutes les situations à haut risque exacerbent les appétits amoureux. L'atmosphère à Londres était très érotisée. Et puis, je ne vous cache pas que l'avantage du roman c'est que les femmes y sont plus accessibles que dans la réalité.
- En somme,vous avez voulu parler ici avec légèreté de choses graves ?
- Je m'inscris dans une tradition d'esprit français qui va de Molière à Jean d'Ormesson en passant par Voltaire ou Sacha Guitry. Pourquoi ne serait-il pas permis d'être à la fois drôle et profond ?
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