Rédaction
01 December 2021
Qui ne connaît le parfum du New Look, Miss Dior, ce chypre aldéhydé, dynamique et raffiné, imaginé en 1947 par Christian Dior dans la foulée du succès étourdissant d'une première collection haute couture ? Mais Mademoiselle Dior, c'est aussi Catherine, la petite sœur tant aimée, au destin à la fois tragique et méconnu, qui a inspiré à son frère le nom mythique du parfum Miss Dior. L'auteur et journaliste britannique Justine Picardie nous le retrace dans une biographie foisonnante autant que passionnante.
Née à Granville le 2 août 1917, Catherine Dior est la petite dernière d'une fratrie de cinq, dont un célèbre grand frère, Christian, de douze ans son aîné. Catherine, que tous ses proches décrivent comme "discrète", n'en a pas moins un caractère trempé : avec quelques amis, elle rejoint la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Au printemps et à l'été 1944, après avoir quitté la Provence, elle s'installe à Paris, dans l'appartement de Christian Dior. Arrêtée par la gestapo et torturée, elle est bientôt déportée à Ravensbrück, dont elle revient en 1945, marquée et émaciée. Christian et les siens pensaient ne plus jamais revoir Catherine.
À son retour, cette sœur si courageuse inspire plus que jamais son couturier de frère. Elle devient en quelque sorte la muse, celle qui glisse dans les replis généreux d'une mode en apparence frivole une doublure de conscience et de sérieux. Cette ombre de gravité met en relief la beauté renversante des robes, tailleurs, jupes, manteaux, parfums et accessoires griffés Dior. Le livre de Justine Picardie est fort justement sous-titré, en v.o., "A story of courage & couture".
Après la mort de Christian, en 1957, Catherine Dior se fait la gardienne du temple, discrète et efficace, perpétuant la mémoire et le talent de son frère. Passionnée de fleurs et de parfums comme lui, elle aura été concessionnaire en fleurs aux Halles de Paris, avant d'exploiter en Provence deux hectares de roses à parfum et de vignes. Au musée Christian-Dior de Granville, dont elle fut la présidente d'honneur, la rose règne en majesté, ode à l'amour des fleurs et de la nature qui liait le frère et la sœur.
Les nombreux documents photos qui émaillent les pages de cette biographie, admirative et très enlevée, ajoutent à l'immersion et au plaisir de la lecture. On sait gré à l'auteur d'avoir redonné vie et lumière à cette héroïne de l'ombre.
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