Ce rendez-vous incontournable, qui se déroule selon un calendrier bien précis, voit affluer quotidiennement près de 500 000 visiteurs, simples touristes ou aficionados acharnés. Les cavaliers tirés à quatre épingles fendent la foule, tandis que les calèches transportent les élégantes dûment revêtues de la célébrissime robe à volants, du châle frangé sur les épaules et de la fleur piquée haut dans un chignon élaboré. La foule bigarrée converge vers cette ville-lumière, artificielle et éphémère, qui sort de terre chaque année comme par miracle. L’aspect actuel date de 1945, soit près de cent ans après la création de l’événement.
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La foire fut autorisée par décret royal d’Isabelle II en 1847 et n’a plus cessé d’animer Séville, passant de trois jours à une petite semaine. Le lundi, la cena del pescaíto (“souper du petit poisson”) marque l’inauguration des festivités. Les adhérents rejoignent leurs baraques et leurs invités qui attendent el alumbrao ou le début des illuminations. Le mardi, les déjeuners se multiplient entre collègues et amis, et les lanternes ne s’éteignent qu’à trois heures du matin. Le mercredi, les fêtards ont droit à une heure de plus et le jeudi, alors que l’effervescence progresse crescendo, ils peuvent déambuler sous un éclairage généreux qui ne s’estompera qu’à cinq heures. Les hôtes de prestige marquent la journée du vendredi et viennent encore grossir le million de personnes attendu.
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Jackie Kennedy y fit une apparition remarquée en 1966, aux côtés de la duchesse d’Albe, Sévillane de cœur. Plus récemment, la reine Maxima et la princesse Catarina Amelia, revêtues de la tenue typique, ont profité de l’ambiance débridée, tout comme la princesse Laetitia Maria, fille de la princesse Astrid. Depuis 1973, c’est le quartier de Los Remedios qui accueille la Feria. Elle y dispose de 275 000 mètres carrés avec près de 630 casetas (ou cabanes), de quoi satisfaire la foule dense qui déguste la manzanilla ou le fino de Jerez, et se délecte de papas con choco , de pois chiches au cabillaud ou de beignets et de churros. La friture de poissons est réservée au samedi soir. Autre composante essentielle de la feria, les corridas de taureaux de la Real Maestranza, la plus importante d’Espagne, sorte d’apothéose de ces journées uniques qui embrasent la belle Séville.
(ref.) Pommes de terre cuites dans une sauce tomate avec un émincé de calamars.
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