Bertrand Leleu
30 November 2022
© Christie’s
Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933)
Secrétaire à abattant dit “égyptien fuseau”, vers 1926
Ébène de Macassar, chêne, loupe de frêne, ivoire, écaille, daim et laiton
Vente Christie’s, Paris, 4 octobre
On ne présente plus l’ensemblier star de la période Art déco, Jacques Émile Ruhlmann, tant ses meubles sont réputés et identifiables. Très vite, son talent fut reconnu à l’échelle internationale lors de l’exposition universelle de 1925, pour laquelle il aménagea le célèbre Hôtel du Collectionneur, chef-d’œuvre de décoration, mais surtout fer de lance du mouvement Art déco qui naissait alors. Ce ne sont pas moins de sept matériaux, nobles pour la plupart, qui ont été nécessaires à la réalisation de ce secrétaire dit “égyptien fuseau”. Le Musée d’Art Moderne de Paris (MAM) conserve d’ailleurs un exemplaire dont l’abattant est, quant à lui, recouvert de galuchat. Les réalisations du designer obtiennent régulièrement des enchères élevées : on se souvient des 2 865 000 euros obtenus en 2011 pour sa fameuse Chaise longue aux skis. Un nouveau record est atteint ici, d’autant plus pour un type de meuble qui, à l’heure des tablettes et des smart-phones, paraît désuet.
© Aguttes
Travail suisse attribué aux Frères Rochat, poinçon Jean-Georges Rémond, début XIXe siècle Boîte-montre à oiseau chanteur en or, émail et perles
Vente Aguttes, Neuilly-sur-Seine, 28 septembre
Qualité exceptionnelle, esthétique, provenance, technique, conservation : tout jouait en la faveur de cette boîte-montre à l’oiseau automate vendue pour près de 320 000 euros. Il faut rappeler également que l’objet n’est pas courant : depuis le XVIIIe siècle, les oiseaux automates sont extrêmement appréciés, notamment des empereurs chinois, mais aussi des personnalités européennes fortunées. Celui-ci combine deux cadrans d’horloge, l’un pour les minutes et les heures, l’autre pour les secondes. Il joue de la musique et son oiseau active bec et ailes. Le tout est enserré dans une monture en or, émail guilloché, perles et couvercle peint. Illustrant la parfaite exécution technique des artisans genevois du début XIXe (alors français), ce chef-d’œuvre provient des collections du roi Farouk, vendue au Koubbeh Palace du Caire en 1954.
© Osenat
République de Chine
Vase tianqiuping en porcelaine et émaux polychromes
Vente Osenat, Fontainebleau, 1er octobre
Qui aurait pu prédire un tel résultat pour ce beau vase aux dragons chinois ? En tout cas pas l’expert de la maison de vente qui, d’après sa photo, l’a donné comme un artefact du XXe et n’a pas souhaité en faire l’expertise. Pourtant, ce ne sont pas moins de dix personnes dans la salle et quinze au téléphone, tous chinois, qui ont bataillé pour remporter le précieux vase. Selon eux, il ne serait pas du XXe siècle mais de la grande époque du règne de Qianlong (1735-1796) et probablement de provenance impériale, puisque le décor est constitué de neuf dragons féroces dans les nuages. Le chiffre 9, considéré comme le plus noble de tous, est réservé à l’Empereur, rappelant les neuf marches qui le mènent au paradis. Une chose est sûre, la propriétaire n’en revient toujours pas !
© Dorotheum
Lamborghini Countach, 25e anniversaire, 1989
Un des 657 modèles Anniversary, kilométrage original de 7408 km
Vente Dorotheum, Salzburg, 15 octobre
Lors de sa première apparition au Salon de l’automobile de Genève, en mars 1971, le prototype LP500 fit sensation. Le succès fut tel qu’on décida de le commercialiser. La commande de la future Countach exigeait que le modèle soit excitant, révolutionnaire et qu’il pose de nouveaux jalons. Face à Ferrari et à Maserati, l’équipe Lamborghini se devait de travailler au développement d’une voiture de série à moteur central 12 cylindres. Terminée en 1973, une véritable icône était née. Avec l’ouverture des portes vers le haut, ses formes géométriques, ses 375 chevaux, le design de cette hypercar ne pouvait que séduire les amateurs de vitesse. Le moteur de série 12 cylindres de 3929 cm3 développe une puissance de 375 chevaux qui permet de franchir le mur du son de 300 km/h. Ce modèle avait été livré en 1989 à Mario Andretti, champion du monde de Formule 1 1978.
© Bernaerts
Shirley Jaffe (1923-2016)
Pile ou Face, 2013
Huile sur toile, 73 x 60 cm
Vente Bernaerts, Anvers, 12 octobre
C’est un record mondial (source Artprice) pour l’artiste américaine. Peut-être une conséquence de sa rétrospective au centre Pompidou cette année, qui l’a enfin dévoilée au grand public. Avec Sam Francis, Ellsworth Kelly et Joan Mitchell, Shirley Jaffe formait le groupe des artistes américains expatriés à Paris dans les années 1950-1960. Son travail, d’abord classé comme appartenant à l’expressionnisme abstrait, prend une tout autre direction après son divorce et son voyage à Berlin. Elle abandonne le geste et la matière pour la couleur et la géométrie. L’inclusion du mouvement dans les formes se ressent à travers son utilisation du blanc, qu’elle peint après les couleurs, ce qui lui donne à la fois les qualités de forme et de fond. La cote de Jaffe ne cesse de grimper depuis une dizaine d’année et son style la désigne comme l’une des peintres les plus influentes de sa génération.
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