Bertrand Leleu
17 January 2025
© Van Ham
Lavinia Fontana (1552-1614)
Le Choix des bijoux, huile sur toile, 69,7 x 66 cm
Vente du 14 novembre, Van Ham, Cologne
Les ventes publiques réservent souvent des coups de théâtre et des découvertes fantastiques. Ce fut le cas de cette toile présentée à Cologne, en novembre dernier, comme issue d’une école italienne ou française, probablement du XVIIe siècle et figurant deux femmes essayant des bijoux. Lors de l’exposition, grâce à l’œil avisé de plusieurs collectionneurs, une signature a été détectée sur le coffret à bijoux : rien de moins que celle de Lavinia Fontana ! Peintre maniériste du XVIIe, elle est célèbre notamment pour avoir été la première femme à représenter un nu féminin. Estimée modestement 8000 euros, la toile est partie à 607 200 euros ! Il s’agit du deuxième prix d’adjudication le plus élevé pour l’artiste, dépassé seulement par le portrait d’Antonietta Gonsalvus, adjugé 1,25 million d’euros, en France, en juin 2023. Nul doute que le vendeur a aura eu, lui aussi, une belle surprise !
© Elsen
Tournai, vers 1590-1600
Réal d’or aux armes de Portugal, époque Philippe II (1527-1598)
Vente du 16 novembre, Elsen, Bruxelles
Après la fronde de 1566 et, surtout, l’exécution des comtes d’Egmont et de Hornes qui déclenchera une guerre civile, les provinces des Pays-Bas se sont farouchement opposées à Philippe II et au catholicisme espagnol. Le conflit se terminera par l’indépendance des Provinces-Unies (du Nord) en 1581. Alexandre Farnèse, alors nouveau gouverneur des Pays-Bas espagnols, rétablira une émission de monnaie à partir de 1583 : le demi-réal et la couronne dans un premier temps, puis le réal d’or à partir de 1590, tous frappés à Tournai. Si les comptes conservés mentionnent la frappe de milliers de pièces, le type était pourtant inconnu jusqu’à l’apparition de deux exemplaires dans le trésor de Serooskerke en 1966. Probablement le troisième exemplaire connu et seul détenu dans une collection privée de cette monnaie qui a tout pour séduire les collectionneurs, toujours à la recherche de pièces rares.
© Dorotheum
Patek Philippe
Montre homme Nautilus, acier inoxydable
Vente du 22 novembre, Dorotheum, Vienne
Véritable icône de l’horlogerie, le modèle Nautilus de Patek Philippe est toujours autant plébiscité lors de ses passages en vente aux enchères. Conçu par Gerald Genta en 1976, le garde-temps est étanche jusqu’à 120 mètres de profondeur, une véritable innovation pour l’époque ! Son cadran reprend la forme des hublots d’un paquebot transatlantique et est associé à l’un des mouvements les plus légendaires jamais produits. Son succès fut tel qu’il fallait attendre des années (jusqu’à dix ans de patience !) pour en acquérir un modèle, d’où l’euphorie générée à chaque passage en vente. La série 5711/1A à laquelle appartient cette montre n’est plus produite depuis 2021, une véritable aubaine pour les collectionneurs qui ont pu également s’offrir, au cours de la même vente, un autre exemplaire, cette fois serti de diamants et vendu au prix de 46 800 euros.
© Koller
Collier trois rangs, vers 1900
245 perles naturelles crème, platine et diamants
Vente du 27 novembre, Koller, Zurich (*environ 188 000 €)
Les colliers de perles ont toujours connu un destin étroitement lié à la mode. Aux XVe et XVIe siècle, les reines, à l’instar d’Elizabeth Ire ou de Catherine de Médicis rivalisent d’excentricité pour étaler leur collection. Cousues à leurs vêtements, les perles avaient à cette époque une valeur bien supérieure aux pierres précieuses. Tombées peu à peu dans l’oubli, elles retrouvent au XIXe l’éclat qu’elles méritent. À partir des années 1900-1920, l’apparition des perles de culture perturba le marché et la crise financière de 1929 lui asséna un coup fatal. Depuis, on parle souvent d’un retour en grâce, en référence au style Audrey Hepburn ou Grace Kelly, mais la véritable clientèle pour ces curiosités naturelles est constituée des acheteurs du Moyen-Orient pour qui la perle est indissociable de leur histoire et leur culture.
© Lempertz
Claude Monet (1840-1926)
Mer agitée à Pourville, 1882, huile sur toile
Vente du 29 novembre, Lempertz, Cologne
À l’été 1880, Monet découvre pour la première fois les falaises normandes lorsqu’il se rend dans la station balnéaire des Petites Dalles pour rendre visite à son frère Léon. Bien que normand, le peintre est émerveillé par ces paysages côtiers aux teintes chaudes et les reproduira dans une série étalée sur plusieurs années. En 1882, il découvre Pourville et y réside dans un petit hôtel donnant sur la plage. L’impressionniste peint alors sur un chevalet solidement fixé avec des cordes et une toile elle-même rivée au chevalet pour résister au vent. La présente œuvre est ainsi la seule où le peintre représente une mer agitée. Les couleurs contrastées illustrent le fracas des vagues dans une harmonie figurant cette “nature (qui) ne s’arrête pas”, comme Monet aimait à dire. Probablement achetée directement à l’artiste par Paul Durand-Ruel, l’œuvre a parcouru les États-Unis et la France, avant d’être vendue en Allemagne.
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