Martin Boonen
05 December 2024
L’Éventail – Pourquoi avoir choisi de mettre en scène cette pièce ?
Emmanuel Dell’Erba – C’est une histoire fascinante qui tourne autour de deux personnages historiques : une riche héritière américaine dans les années 1930, Florence Foster Jenkins, et Cosmé McMoon. La première est persuadée d’être la plus grande soprano de sa génération…. Si ce n’est qu’elle ne savait absolument pas chanter. Et le second est son infortuné pianiste. L’argent de Florence Foster Jenkins leur a tout de même permis de faire une carrière incroyable qui les a menés jusqu’au Carnegie Hall, la plus prestigieuse des salles de spectacle aux États-Unis. J’ai tout de suite été convaincu qu’une fois que l’on dépasse le drolatique de l’aspect comique de ses chansons, il y a avait quelque chose d’intéressant à raconter.
– Par exemple ?
– Cette histoire parle de mensonge. Celui que l’on se fait à soi-même quand on se complaît dans le déni et celui que la société américaine de cette époque fait aux milliardaires qu’on ne veut pas froisser. Mais aussi celui qu’on entretient entre amis pour ne pas se blesser. Dans la pièce, Cosmé McMoon remonte dans ses souvenirs pour raconter sa folle aventure avec sa fantasque partenaire. Ce qui est intéressant, c’est le calvaire qu’à dû vivre ce pianiste qui connaissait très bien la musique en s’associant avec cette diva que, pourtant, il ne quittera jamais. Il se lie entre eux une véritable amitié, presque contre-nature. Il finit même par se demander si, dans cet univers de l’opéra lyrique à l’époque, ce n’était pas Florence Foster Jenkins qui avait raison. Elle avait véritablement quelque chose en plus que les autres chanteuses de son temps.
© Lou Verschueren
– C’est en tout cas un personnage très caricatural…
– Oui, mais ce n’est pas ce que j’ai voulu montrer. Je suis certain que Florence Foster Jenkins était avant tout une authentique passionnée de musique, avec une grande culture de l’opéra, et que son histoire cache une vraie fêlure. Le livret que doit interpréter Julie Duroisin n’est pas facile à chanter, d’ailleurs. Il faut pouvoir le faire, chanter faux ! C’est la raison pour laquelle elle est coachée par Daphné D’Heur qui s’occupe de la direction musicale de la pièce.
– Parlez-nous de la mise en scène.
– C’est une pièce un peu différente de ce que l’on voit habituellement au TTO. Il y aura de la comédie, bien sûr, mais on emmène aussi le public dans un univers musical où tout ou presque se passe autour d’un piano. La pièce explore les souvenirs de l’un des deux personnages et le décor va nous permettre de voyager dans le temps. Les costumes des années 1930 ont été soigneusement étudiés par Chandra Vellut. Je voulais que cette pièce soit drôle – mais pas seulement – et qu’elle soit belle à voir aussi.
Petit florilège de leurs impressions à l’issue de la représentation :
Photo de couverture : © Lou Verschueren
Pièce de théâtre
Mrs Jenkins et son pianiste
Dates
Du 5 décembre 2024 au 11 janvier 2025
Adresse
Théâtre de la Toison d’Or – TTO
396-398 galeries de la Toison d’Or
1050 Ixelles
Billetterie
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