Bertrand Leleu
23 August 2023
© MILLON
Cartier, Broche en platine, cristal d’émeraude et diamants
Vente 19 juin, Millon, Bruxelles
C’est un travail d’une extrême précision qui était récompensé par ce coup de marteau de 160 000 euros. La maison Cartier a toujours eu à cœur de travailler les pierres les plus exceptionnelles. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle fut choisie pour moderniser les bijoux de grandes familles indiennes au début du XXe siècle. Jacques et Louis Cartier partaient régulièrement à la recherche de gemmes dans le monde entier. Cette broche est l’exemple parfait de l’alliance d’une pierre exceptionnelle, par sa taille et sa transparence, associée à un travail de gravure minutieuse, pour lequel l’artisan n’a eu droit à aucune faute. La pression doit être savamment exercée pour parvenir à créer un décor si fin sur une matière si fragile. La monture hexagonale Art déco sertie de diamants achève de mettre en valeur ce travail, justement inspiré de lignes indiennes.
© MJV SOUDANT
Claude Lalanne (1925-2019)
À l’intérieur de la bouche, circa 1970, laiton et cuivre galvanisé
Vente du 18 juin, MJV Soudant, Gerpinnes
Si la pomme est le grand sujet régulièrement abordé par Claude Lalanne, la sculpture proposée à Gerpinnes, en juin, était quant à elle une pièce unique. En effet, le fruit défendu est à l’artiste ce que le mouton était à son comparse et mari François-Xavier. Claude Lalanne a décliné son sujet à maintes reprises, sous forme de “pomme bouche” pour le plus connu, mais aussi de “pomme horloge”, illustrant à merveille son univers fantastique et poétique. L’objet inanimé, symbole d’interdiction et de tentation pourvu d’une bouche, se mue en objet dangereux et révélateur. Les lèvres sensuellement coulées dans la peau du fruit diront tout haut ce que beaucoup voudraient taire…
© NATIVE
École hollandaise ou allemande
Le Triomphe du temps, circa 1550, huile sur panneau
Vente du 27 mai, Native, Bruxelles
Le poète Pétrarque commence en 1354 à rédiger un poème allégorique, véritable testament spirituel, où triomphent simultanément le désir et la chasteté, la mort et la gloire, le temps et l’éternité. Dans un conflit entre l’humain et le divin, l’œuvre Trionfi (Triomphes) voit se confronter les abstractions personnifiées terrestres et célestes. L’œuvre présentée en mai, à Bruxelles, provenait très certainement d’une suite de six panneaux figurant cet illustre poème. Issu de la collection du musée Wallraf Richartz de Cologne, le tableau est mentionné dans l’inventaire muséal dressé en 1869 comme étant de “l’école de Holbein”. Le panneau, dont la provenance est parfaitement répertoriée, a largement dépassé les espérances en multipliant par dix son estimation. Un véritable triomphe !
© ANTENOR
Michel Anguier (1612-1686)
Pluton mélancolique, bronze
Vente du 4 juin, Antenor, Bruxelles
Michel Anguier est l’un des premiers artistes académiciens en France à se pencher sur la question de la physiologie humorale dans l’art. Sa théorie personnelle se développe ainsi dans son œuvre au travers des sentiments exprimés par les caractères physiques de ses modèles. Connu pour ses commandes très prestigieuses, comme celle de Nicolas Fouquet pour Vaux-le-Vicomte ou celle d’Anne d’Autriche pour ses appartements d’été au Louvre, Anguier connait un véritable succès par la diffusion de sa Suite de dieux et déesses, qu’il va produire en bronze. On y retrouve ainsi un Jupiter tonitruant, une Junon jalouse, un Neptune agité, une Cérès larmoyante et un Pluton mélancolique, qui est le sujet de la sculpture vendue à Bruxelles en juin, modèle lui-même inspiré de l’Hercule Farnèse.
© JEAN ELSEN
Evainetos, Sicile, Syracuse
Décadrachme, vers 405-400 avant J-C
Vente du 16 juin, Elsen, Bruxelles
Dans la mythologie grecque, Aréthuse, néréide faisant partie de la suite d’Artémis, se baignait dans les eaux du dieu-fleuve Alphée lorsque le dieu s’éprit d’elle et la poursuivit, métamorphosé en chasseur. Artémis changea alors Aréthuse en une source souterraine qui jaillit à Ortygie, afin qu’elle échappe à son traqueur. Cette source étant la principale de l’île de Syracuse, nous ne sommes pas étonnés de voir le visage de la belle nymphe irradier de ce décadrachme frappé vers 405-400 avant notre ère. Signée par Evainetos, un artiste réputé de l’Antiquité, notre pièce présente sur son autre face une scène de bataille, probablement la victoire de Syracuse sur Athènes en 413, victoire menée par Denys l’Ancien, alors tyran de la puissante cité.
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