Christophe Vachaudez
11 April 2025
Les quelques jours intenses de la Semana santa commémorent la Passion, la mort et la Résurrection du Christ dans un élan émotionnel unique. Près de soixante confréries exaltent la ferveur populaire. Si certaines existaient déjà au Moyen Âge alors que d’autres sont beaucoup plus récentes, il faut attendre le synode de 1604 pour que naisse la Semaine sainte telle que nous la connaissons aujourd’hui. Avec des hauts et des bas, elle se perpétue avec un regain de splendeur quand la sœur de la reine Isabelle II, Maria-Luisa-Fernanda, est venue s’installer à Séville et s’est plu à la promouvoir vers 1850. Depuis, malgré quelques interruptions, l’événement devenu un incontournable du calendrier socio-culturel. Tout est orchestré comme un ballet et chaque paroisse a son moment de gloire, portant haut les chars fleuris (pasos) où trône la Vierge ou le Christ. Souvent anciennes, ces statues, témoins du pathos d’une religion de douleur et de contrition, surgissent, imposantes, au cœur d’une mer de flammes vacillantes.
© joserpizarro, shutterstock.com
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Des centaines de cierges rendent les processions nocturnes encore plus mystiques. Les premiers défilés émaillent le vendredi des Douleurs et le samedi de Passion, mais le dimanche des Rameaux marque vraiment le début des célébrations quand la Confrérie de la Paix, la première à sortir, se souvient de l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Au fil des jours, l’ardeur s’accentue, alors que l’on évoque les étapes des derniers jours du Christ. La nuit du Jeudi au Vendredi saint est réservée aux confréries les plus prestigieuses et les plus anciennes, piliers de cette semaine de communion. Parmi les processions, celle des gitans qui chemine au rythme des saetas, incantations poignantes et déchirantes, ou celle de la Macarena, dont la vierge dolorosa attire parfois jusqu’à 2000 pénitents (nazarenos) au chef recouvert du fameux capirote. Symbole de l’humiliation faite à Jésus lors de la montée au Golgotha, cette coiffe conique reprise par les membres du Ku Klux Klan s’assortit d’une tunique. L’ensemble se décline en rouge (pour le sang du Christ), en vert (pour la Résurrection), en blanc (pour la gloire de Dieu) ou en noir (pour le deuil). Un maître de cérémonie, un thuriféraire, des enfants de chœur, des acolytes et des fanfares complètent souvent les cortèges, témoignages resplendissants des tréfonds de l’âme sévillane.
Photo de couverture : © José Manuel Gavira, shutterstock.com
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