Bertrand Leleu
19 March 2025
Le marché des maîtres anciens a connu bien des aléas mais n’a jamais cessé de fasciner. Ringards pour certains, d’une éclatante intemporalité pour d’autres… Une chose est sûre : les Brueghel pères et fils ont, quant à eux, toujours eu la cote. Les ventes de printemps qui s’annoncent à Paris viennent confirmer cette tendance. Comme le souligne Alice Frech, directrice de la galerie De Jonckheere (Genève), le profil des collectionneurs évolue depuis quelques années. Plus exigeants – le marché s’étant aiguisé – les nouveaux collectionneurs cherchent à la fois une iconographie marquante et des garanties, là où les musées, essentiellement américains, se tournent désormais en priorité vers les œuvres relevant des global interests. À l’image du Rijksmuseum (Amsterdam) et de son achat pour 3 millions d’euros d’une œuvre de Gesina ter Borch (1633-1690), les institutions privilégient désor-mais les artistes invisibilisés par l’histoire de l’art, dont les femmes. Cela étant, le marché des grands maîtres classiques, bien que restreint, fait preuve d’une vitalité insolente au regard d’autres spécialités. La dynastie Brueghel en offre un exemple parfait. De Pieter l’Ancien, aucune œuvre ne circule sur le marché ; mais celles de ses fils, Pieter Brueghel II et Jan Brueghel l’Ancien sont, elles, toujours disponibles. Alice Frech précise que ces œuvres suscitent la convoitise lorsqu’elles répondent à l’exigence de l’expertise, de l’état de conservation et de la rareté.
La Moisson, allégorie de l’été, huile sur panneau, 42 x 57 cm de Pieter Brueghel le Jeune sera présentée aux enchères le 30 avril, lors d’une vente Artcurial, estimation entre 1 000 000 et 1 500 000 € © Artcurial
Le Repas de noces, 1622, Pieter Brueghel le Jeune, 74,3 x 106 cm, estimation entre 1 500 000 et 2 500 000, vente Christies du 27 mars. © Christies
Le Repas de noces proposé chez Christie’s présente le gage estimable d’être signé et daté 1622. Si la composition reprend un tableau de Pieter Bruegel l’Ancien, le fils y a ajouté sa touche personnelle, un peu osée, d’un couple s’embrassant (en haut à gauche). Chez Artcurial, La Moisson ou Allégorie de l’été, affiche des couleurs éclatantes, notamment les rouges, signature de Pieter II. Avant ces deux ventes, un autre chef-d’œuvre de Brueghel le Jeune sera présenté à la TEFAF par la galerie De Jonckheere, un Paiement de la dîme (ou L’Avocat de village) d’un format extraordinaire et peint sur toile. Parmi les vingt versions signées et datées, celle-ci est certainement l’une des premières peintes et la plus grande.
Photo de couverture : Le Paiement de la dîme ou L’Avocat de village, huile sur toile, 112 x 184 cm, sera exposé sur le stand de la galerie De Jonckheere, du 15 au 20 mars, lors de la TEFAF Maastricht. © De Jonckheere
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