François Didisheim
28 November 2023
Est-ce que pour notre interlocutrice, à la parole experte sur le sujet, acheter de l’art ou le collectionner est un art de vivre ? « Bien sûr. Dites-moi ce que vous accrochez à vos murs et je vous dirai qui vous êtes. Y compris… si vous ne les accrochez pas. Même ceux qui achètent pour investir, et qui stockent les œuvres en attendant qu’elles prennent de la valeur, définissent ainsi leurs priorités dans l’existence. La plupart des gens achètent de l’art pour vivre avec leurs acquisitions, chez eux, en profiter tous les jours, et peut-être, par la suite, les revendre parce qu’ils ont trouvé autre chose, qui va mieux dans leur nouvel intérieur. C’est une façon de vivre, de s’installer chez soi, avec des pièces qui ne sont pas celles de tout le monde, que l’on a cherchées et choisies. Tableaux, sculptures ou mobiliers, ce ne sont pas des objets fabriqués en masse qu’on peut trouver partout. »
Mais l’art de vivre chez Dorotheum ne se situe pas uniquement dans les œuvres proposées à la vente. C’est aussi une vraie philosophie de vie : « L’endroit où j’exerce à Bruxelles, rue aux Laines, près du Sablon, est effectivement le reflet d’un art de vivre intemporel. Il s’agit d’un hôtel de maître 18e, hauts plafonds, moulures, grandes fenêtres à petits carreaux, … appartenant encore à la famille qui l’a acquise dans la première moitié du 19e. L’ambiance y est familiale et hors du temps. Les tableaux que nous y exposons, de n’importe quelle époque, modernes, contemporains, anciens, y trouvent miraculeusement leur place. L’art d’aujourd’hui se fond à merveille dans ce décor 18e, il y est d’autant mieux mis en valeur, ce qui le rend aussi intemporel que les murs qui le portent. Le palais Dorotheum à Vienne respire également l’art de vivre d’antan, tout en y associant la modernité indispensable. On y trouve aussi bien une œuvre de Raphaël accrochée aux cimaises de la grande salle qu’une création magistrale d’Anish Kapoor. Avec nous, l’art de vivre viennois s’importe à Bruxelles, mais l’art de vivre bruxellois s’exporte également à Vienne où nombre de tableaux actuels de notre plat pays sont montrés et vendus » détaille Honorine.
Le palais Dorotheum à Vienne © DR
Enfin, il faut bien l’avouer, comme presque tous les secteurs liés à la vente, le marché de l’art a été bouleversé par les ventes en ligne. Et la crise due au Covid n’a fait qu’accélérer la tendance : « Le fait que l’on ait réalisé notre meilleure année en plein Covid n’a rien d’un hasard. Les gens ne pouvaient ni sortir, ni voyager. Ceux qui en avaient le goût et les moyens ont réorienté leur budget vers l’art et les bijoux. Tout est passé on line. Aujourd’hui, les amateurs recommencent petit à petit à aller dans les salles, mais moins qu’avant. Ils enchérissent de plus en plus en ligne, et avec les photos ou détails de haute qualité dont nous disposons aujourd’hui c’est presque comme si on voyait vraiment l’œuvre et l’état dans lequel elle se trouve. »
L’interview intégrale d’Honorine d’Ursel est à découvrir dans le nouveau numéro de Lobby, ici. Un numéro qui vous fera découvrir ce que Bruxelles a à vous offrir en termes d’art de vivre. Et vous risquez de ne pas être déçus !
Newsletter Lobby du 10 novembre 2023, rédigée par François Didisheim, fondateur de Lobby. Retrouvez Lobby, la revue des cercles du Pouvoir, ici
Photo de couverture : Honorine d’Ursel, directrice de Dorotheum Belgique, incarne à merveille l’âme bruxelloise de la plus ancienne salle de ventes aux enchères du monde.
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