Né à Paris en 1968, Emmanuel Beyens n’a pas eu le temps d’adopter l’accent parisien. Trois semaines après sa naissance, il s’envole pour le Pakistan avec ses parents, un diplomate belge et une ingénieure nucléaire. Cette première escale marque le début d’une jeunesse placée sous le signe du voyage. Après un passage à Bruxelles, il découvre Tokyo, où il passe quatre années émerveillé par les néons éclatants et les temples rouges flamboyants. C’est là qu’il goûte aux sushis et découvre le Kabuki, ce théâtre traditionnel japonais qui marquera son imaginaire.
Portrait de Jeanne de Chimay © Emmanuel Beyens
À neuf ans, direction Rio de Janeiro. Dans cette ville contrastée, il est autant fasciné par l’architecture moderne et la nature luxuriante que frappé par la pauvreté et l’insécurité. C’est pourtant au Brésil qu’il tombe amoureux du dessin. Pas du football, comme ses camarades, mais bien du crayon et du papier.
L’anecdote est presque trop belle pour être vraie : à douze ans, son professeur de dessin au Lycée Français de Rio lui inflige un 0/20, persuadé qu’un adulte a réalisé son autoportrait. « Un garçon de ton âge ne peut pas dessiner ça ! », assène-t-il. Une injustice qui aurait pu décourager Emmanuel, mais qui ne fait que confirmer son talent.
Portrait ambassadeur © Emmanuel Beyens
Dans la famille Beyens, cependant, l’art n’est pas un choix de carrière légitime. L’arrière-grand-père Eugène-Napoléon Beyens en avait déjà fait les frais : sa volonté de devenir peintre avait été balayée par un impératif familial de “vrai métier”, le menant à une brillante carrière diplomatique. L’histoire semblait devoir se répéter.
Ce n’est que bien plus tard, à 22 ans, qu’Emmanuel Beyens redécouvre la peinture. Un jour, sa mère lui tend une boîte de gouache en lui lançant : « Prends-la et fais-en ce que tu veux, je ne l’utilise plus. » En guise de remerciement, il lui offre un portrait de son père. Depuis, il n’a plus lâché ses pinceaux.
Consul Alain Van Bellingen © Emmanuel Beyens
Désireux de se perfectionner, il fréquente une académie à Bruxelles avant de suivre des formations au Flemish Classical Atelier de Bruges et à la Classical Academy of Art de Florence. Son travail est rapidement remarqué : en 2011, il remporte le 1er Prix de Peinture au Salon International du Portrait à Beauregard avec Le Maharadja.
Refusant de se conformer aux tendances du marché de l’art, Emmanuel Beyens défend une approche classique et intemporelle. Son moteur ? L’esthétique. « Le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil », aime-t-il à rappeler en citant Delacroix. Chaque toile devient ainsi un exercice de patience, où chaque trait est exécuté avec la minutie d’un orfèvre. Peu importe le temps passé sur une œuvre, seul le résultat compte.
Portrait de Louise de Chimay © Emmanuel Beyens
À travers ses portraits, Emmanuel Beyens capture non seulement les traits, mais aussi l’âme de ses modèles. Son enfance cosmopolite se reflète dans ses œuvres, empreintes d’une multiculturalité et d’une sensibilité rare. Plus qu’un artiste, il est un passeur d’émotions, un explorateur du visage humain, un artisan du beau. Et qu’importe si le marché de l’art ne suit pas, lui reste fidèle à son idéal : peindre ce qui lui semble juste, loin des modes éphémères et des compromis. Ainsi, de Paris à Tokyo, de Rio à Florence, Emmanuel Beyens prouve qu’un artiste n’a pas besoin de frontières, seulement d’une vision. Et la sienne est d’une clarté éclatante.
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