Rédaction
06 November 2015
Nous sommes le 6 novembre 1965. Avec Ces Gens-Là, Jacques Brel marque une date. En quatre-minutes et trente-huit secondes enregistrées au studio Hoche de Paris pour la firme Barclay, le grand Jacques définit au plus près sa vision de la famille dans les années 1960. Et il y en a pour tous les goûts : d'un côté, il y a l'aîné « raide comme une saillie » ou cette mère « qui ne dit rien ou bien n'importe quoi », de l'autre, il y a ce jeune « méchant comme une teigne » et cette vieille que le reste de la famille « attend qu'elle crève, vu que c'est elle qu'a l'oseille ». De l'avis de l'accordéoniste Jean Corti, tous ces personnages seraient inspirés d'une famille réelle.
Est-ce également le cas de la fameuse Frida, « qui est belle comme un soleil » ? Sur ce point, le mystère reste entier. Ce que l'on sait, en revanche, c'est que Brel, sous fond d'amour impossible, délivre ici une critique toute en finesse et en justesse de la petite-bourgeoisie belge, celle qui ne pense pas mais qui crie, celle que l'artiste, issu d'une famille aisée de Bruxelles, a rejeté au cours des années 1950 pour se lancer dans la chanson et exposer une kyrielle de compositions toujours aussi percutantes en 2015.
Cinquante ans après sa confection, Ces Gens-Là reste d'ailleurs plus que jamais d'actualité. Ces dernières décennies, plusieurs artistes issus d'horizons divers l'ont d'ailleurs réinterprété - Ange, Noir Désir, Oxmo Puccino - ou s'en sont ouvertement inspirés. À l'image d'Abd Al Malik qui, en 2006, sur l'album Gilbratar, base l'un de ses singles (Les Autres) sur les mêmes fondements.
Le juste retour des choses pour un titre aussi saisissant, au sein duquel la poésie la plus lumineuse jaillit du plus noir désespoir.
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